Les investisseurs redoutent souvent que la gestion responsable atténue les performances de leurs placements. Pourtant, la gestion respectueuse de l’environnement, des critères sociaux et d’une bonne gouvernance n’excluent pas de bons résultats. Au contraire.
Parmi les éléments rebutant certains épargnants dans leurs investissements sur les marchés, figurent les attitudes parfois irresponsables de certaines sociétés. Politique climatique dangereuse, conditions de travail dégradées, exploitation des enfants, utilisation de matériaux difficilement recyclables sont incompatibles avec leurs valeurs.
Une gestion vertueuse n’est pas incompatible avec de bons résultats financiers
Les investisseurs pensent parfois qu’une attitude responsable des entreprises est incompatible avec de bons résultats financiers. Pour eux, si une entreprise veut obtenir de meilleures marges d’exploitation, elle n’a pas le choix : elle doit sacrifier certains principes humains et moraux. Par exemple, privilégier l’utilisation de matériaux d’emballage très polluants, mais nettement moins onéreux. Ou encore, avoir recours à une main d’œuvre bon marché, travaillant dans des conditions proches de l’exploitation humaine. Cela reviendrait à afficher un coût de revient plus bas, une meilleure performance économique et donc une meilleure cote auprès des investisseurs, qui peuvent espérer des dividendes plus élevés.
Pourtant, l’idée grandit dans l’esprit des épargnants qu’une attitude vertueuse n’exclut pas de bons résultats. Au contraire. Lorsqu’une entreprise est accusée de tricherie, d’entente sur les prix entre concurrents, d’exploitation humaine par l’un de ses sous-traitants, cela nuit fortement à sa réputation. Elle perd des clients et encourt de sévères peines judiciaires, pouvant lui coûter cher. Vouloir améliorer ses résultats financiers au mépris de certains principes humains, c’est prendre le risque d’une contre-performance économique et boursière.
Les fonds gérés de façon responsable n’investissent pas dans les sociétés présentant un risque de réputation
Les acteurs de la finance responsable scrutent les résultats financiers des sociétés, mais aussi leurs performances extra-financières, en se fondant sur des critères ESG (Environnementaux, Sociaux, et de Gouvernance). Ils sélectionnent les valeurs dans lesquelles ils investissent selon une grille qui leur est propre, en excluant souvent les secteurs industriels les plus polluants et ceux de l’armement ou du jeu, par exemple. Et lorsqu’ils investissent dans une entreprise, ils surveillent, en plus des risques financiers, sectoriels et d’exploitation, son risque de réputation. Lorsqu’une société pose problème, ils cèdent leurs parts.
Loin d’être coûteuse, cette stratégie se révèle gagnante. En effet, régulièrement, dans les sociétés où un scandale explose, des signaux ont alerté à temps les fonds qui adoptent une gestion ESG. Ces derniers les ont détournés des sociétés problématiques. Ainsi, au moment où l’affaire est révélée, les sociétés de gestion utilisant les critères ESG n’ont pas en portefeuille le titre qui pose problème. Elles sont protégées d’une lourde chute. Résultat : leurs performances sont souvent meilleures que celles des fonds communs de placement gérés sans tenir compte des critères ESG.
Plus de 2000 études sur les liens entre performances financières et critères ESG
Les recherches sur les liens entre performance financières et prise en compte des critères ESG ont commencé au début des années 1970. Depuis, on recense plus de 1220 études scientifiques sur ce sujet. Toutefois, elles n’offrent souvent qu’une vue parcellaire du secteur.
En 2015, une méta-analyse a été lancée pour combiner le fruit de ces différentes recherches. En agrégeant les résultats de ces différents travaux scientifiques, cette méta-analyse a permis de dresser un panorama exhaustif de la recherche universitaire sur ce sujet et d’aboutir à des conclusions généralisables . Ses résultats montrent que les arguments en faveur de l’investissement ESG sont empiriquement fondés. Environ 90% des recherches analyses concluent à l’absence de lien négatif entre critères ESG et performance financière des entreprises. Surtout, la grande majorité de ces études soulignent une relation positive entre utilisation des critères ESG et performance financière. De plus, cet impact positif des facteurs ESG sur la performance financière reste stable dans le temps. Responsabilité et performance sont donc compatibles.
Source : MSCI, 20 Septembre 2021
L'essentiel à retenir
- Les épargnants ont peur de perdre en performance s’ils investissent de façon responsable.
- Pourtant les gérants de fonds attentifs aux critères extra-financiers écartent rapidement de leurs portefeuilles les sociétés qui présentent un risque de réputation.
- Ainsi, ils atténuent les à-coups liés à certaines sociétés, et peuvent même afficher de meilleures performances que les fonds gérés de façon traditionnelle.