Beaucoup de spécialistes des marchés s’interrogent sur le prix élevé des actifs financiers, actions en tête. Pour les particuliers, il est parfois difficile de savoir s’ils payent un titre trop cher ou au contraire à un prix raisonnable. Voici quelques indicateurs pour les y aider.
Avant d’acquérir une action, il est nécessaire de comprendre le métier de l’entreprise dont on prend des parts, son marché et la façon dont elle se distingue de ses concurrents. Il faut aussi se demander si son modèle économique est pérenne. Enfin, il faut comprendre si le marché la valorise de façon raisonnable ou s’il a des attentes démesurées. Pour cela, on peut utiliser trois indicateurs.
Le Bénéfice Par Actions (BPA), pour comprendre les profits de l’entreprise
Le dividende n’est pas un bon indicateur pour avoir une idée de la rentabilité de l’entreprise. En effet, certaines sociétés ne distribuent pas de dividendes alors qu’elles sont profitables. À l’inverse, d’autres sociétés gonflent leurs dividendes de façon artificielle, même des années où leurs résultats sont moyens. Le bénéfice est donc un indicateur plus fiable : il donne une idée des gains réels de l’entreprise, pas de ce que la direction décide de faire de l’argent gagné.
Pour calculer le bénéfice par action (BPA), on utilise le bénéfice net après impôt de la société. Ensuite, on le divise par le nombre d’actions existantes. Ainsi, pour une société A, composée de cent millions d’actions et affichant 2 milliards d’euros de bénéfice net, le bénéfice est de 20 euros par action.
Toutefois, ce chiffre ne suffit pas pour savoir si une action se paie cher. En effet, si la société concurrente, la société B, réalise le même résultat net, mais que le nombre d’actions est deux fois plus important, la société B affiche 10 euros de bénéfice par action.
Le Price Earning Ratio (PER), pour comparer le bénéfice au prix d’achat
Il faut comparer le bénéfice par action au prix d’achat de cette même action. Ce chiffre s’appelle le Price Earning Ratio, ou PER. L’action de la société A vaut 800 euros. On divise ce nombre par le bénéfice par action (20 euros). Le PER est donc de 40. L’action de la société B vaut 300 euros. Si on divise le prix par le bénéfice par action (10 euros), on a un PER de 30. Plus le PER est élevé, plus le prix à payer pour l’action est cher. L’action A se paye 40 fois ses bénéfices et l’action B se paye 30 fois les bénéfices. L’action B est donc meilleur marché que l’action A.
On peut aussi faire la démonstration à l’envers. Pour 800 euros payés, une action A génère 20 euros de bénéfices (soit 2,5%). Pour 300 euros de prix d’achat, une action B affiche un bénéfice de 10 euros, soit 3,33%. L’action B est donc moins bien valorisée par le marché.
Comment interpréter ce ratio ? Si on obtient un chiffre :
- inférieur à 7 : la société est en crise ou relève d’un secteur d’activité en berne ;
- entre 7 et 12 : ce sont des sociétés mal aimées par les marchés, pouvant toutefois être en bonne santé ;
- entre 12 et 25 : il s’agit de sociétés solides. C’est un niveau de PER dans la moyenne (au 1er décembre 2023, le PER du S&P 500 était par exemple de 20,43) ;
- supérieur à 25 : ce sont des entreprises en croissance bénéficiant d’une position dominante ou d’une bulle spéculative. C’est le cas de l’action Tesla : elle affichait un PER de plus de 70 en 2023.
La valeur nette comptable, pour avoir une idée du bilan
Il s’agit ici de connaître les actifs réels de l’entreprise. Certaines sociétés sont endettées au-delà du raisonnable. La dette est supportable quand les résultats sont là mais une crise économique ou un accident industriel peuvent fragiliser l’entreprise. Il faut regarder quelle serait la valeur de la société si elle devait être liquidée demain matin. Pour cela, on utilise l’actif net, c’est-à-dire tout l’actif moins le passif (la dette à court, moyen et long terme).
La société A est valorisée 80 milliards d’euros (800 euros par action multipliés par cent millions d’actions). La société concurrente B est valorisée 60 milliards d’euros (300 euros par actions multipliés par deux cent millions d’actions). La société A affiche 90 milliards d’euros d’actifs et 20 milliards de passif. Sa valeur nette comptable est de 70 milliards d’euros. L’entreprise B a aussi un actif de 90 milliards d’euros. Toutefois, elle a une dette de 40 milliards d’euros. Cela donne une valeur nette comptable bien inférieure à celle de l’entreprise A : 50 milliards d’euros. Ceci peut expliquer la différence de valorisation entre les deux sociétés. Si A se paye plus cher que B, c’est parce que A est mieux armé que B pour faire face à un accident de parcours.
L'essentiel à retenir
Pour comprendre si une action se paye cher ou si elle est bon marché, on peut utiliser plusieurs indicateurs. Parmi ceux-là :
- Le bénéfice par action donne une idée grossière des profits d’une entreprise.
- Le Price Earning Ratio affiche le prix de l’action comparé à ses bénéfices.
- La valeur nette comptable donne des indications sur l’endettement de l’entreprise.
Publié le : 12.05.2021
Mis à jour le : 16.02.2024