Investissement responsable, l'aspect social prend de l'importance
Alors que ces dernières années, les investissements durables et responsables ont connu une croissance constante grâce, en grande partie, à l’intérêt des investisseurs pour les placements qui mettent l’accent sur des critères éthiques et environnementaux, aujourd’hui, la lutte pour la réduction des inégalités, l’intégration raciale et l’inclusion occupe une place de plus en plus importante.
Les nouvelles générations comme moteur
La pandémie de coronavirus et les manifestations toujours plus fréquentes contre l’inégalité sociale, principalement du fait des jeunes générations, millennials et génération Z, ont favorisé la prise de conscience sur ce problème. Ainsi, les analystes et les experts s’accordent sur le fait que le «S» des critères ESG va gagner du terrain cette année.
C’est ce qui ressort du rapport de SpainsIf sur les résultats des fonds d’investissement ESG en 2019, une année qui a vu ce type d’investissement atteindre un niveau d’actif sous gestion record de 285 milliards d’euros, soit près de huit fois son niveau de 2009, 36 milliards d’euros.
Et alors que les résultats officiels pour l’exercice 2020 sont en cours de calcul, les données disponibles montrent que la pandémie de coronavirus a influencé les investissements de ce type. L’Observatoire Inverco indique que 45% des gestionnaires ont noté une hausse de l’intérêt pour les investissements durables, en particulier chez les millennials.
Concrètement, ces derniers représentent 69% des investisseurs en fonds durables. Ce chiffre n’est pas surprenant étant donné qu’il s’agit du groupe le plus sensibilisé sur les problématiques d’inégalités liées à la pauvreté, à la discrimination raciale ou au handicap et, l’âge aidant, il commence à occuper une part plus active dans les investissements. Il est suivi par la génération Z, avec 17% seulement, même s’il convient de rappeler que cette génération arrive à peine à l’âge où l’on se lance dans ses premiers investissements.
Durabilité et ETFs
À la fin du quatrième trimestre 2020, l’Observatoire ESG de TrackInsight, qui analyse le secteur des fonds négociés en bourse (ETF en anglais) sous l’angle de la durabilité, montrait que les ETF qui appliquent des critères ESG respecteraient 11 des 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. Leurs buts coïncident avec les ODD, mais ils ne tiennent pas compte d’autres objectifs inclus dans le «S», comme l’égalité entre les sexes.
Ainsi, TrackInsight rappelle que l’ODD 10 – Réduction des inégalités au sein et entre pays – n’a toujours pas été atteint. Les groupes les plus vulnérables, à savoir, les personnes âgées, les personnes atteintes de handicap, les enfants, les femmes et les migrants, sont ceux qui ont le plus durement souffert de la pandémie.
Comme l’indiquent les Nations Unies elles-mêmes, la COVID-19 fait peser une menace directe sur les progrès en matière d’égalité entre les sexes et la pandémie est à l’origine d’un recul plus que significatif au regard des avancées de ces dernières années.
Aux États-Unis, 55% des 40 millions d’emplois détruits pendant la première vague étaient occupés par des femmes.
La pandémie, compte tenu des ravages qu’elle a causés sur le marché du travail, a réveillé la conscience sociale. Le télétravail, rendu obligatoire pour éviter la propagation du virus et freiner la courbe des contaminations, a fait apparaître la nécessité de permettre à tous les travailleurs de bénéficier de véritables possibilités de conjuguer vie familiale et vie professionnelle. Il convient ici de rappeler que les femmes constituent un des groupes les plus touchés, et ce, de deux façons: elles subissent la majorité des destructions d’emplois déjà évoquées plus haut et ce sont également elles qui s’occupent le plus souvent des enfants.
Tout cela n’est qu’un nouvel exemple qui souligne la perception des experts du secteur en la matière: la gestion des ressources humaines est, aujourd’hui plus que jamais, un élément fondamental de l’analyse des critères ESG pour n’importe quelle entreprise. En raison de la crise actuelle provoquée par la pandémie, aussi bien les employés que les clients s’intéressent davantage à la responsabilité sociale des entreprises et leur propre survie pourra aller jusqu’à dépendre de l’engagement qu’elles accepteront de prendre vis-à-vis de la société.
Ainsi, la COVID-19 a souligné l’importance que les obligations d’impact social sont en train de revêtir. Au cours du premier semestre 2020, il s’en est vendu plus du double que pendant toute l’année 2019, soit un montant de 50 000 milliards de dollars.
Des investissements de qualité?
Sur le plan exclusivement stratégique, cela se traduit par une perception nettement plus claire du fait que les sociétés qui s’engagent en faveur de causes sociales seront des investissements de qualité. D’une part, parce que l’implication active qu’elles affichent pour ces causes suppose une vision d’un avenir durable sur le long terme et conforme à la demande du marché, ce qui les rend plus attractives aux yeux des investisseurs. D’autre part, parce que c’est précisément cette caractéristique qui fait qu’elles risquent moins d’être éclaboussées par des polémiques liées à de mauvaises pratiques, ce qui pourrait nuire à leur réputation et donc, à leur valeur.
D’une manière générale, les analystes s’accordent sur le fait qu’appliquer des critères ESG aux investissements réduit les risques pour l’investisseur. Ces critères permettent d’éviter les secteurs obsolètes ou polluants, comme le charbon. Ils évitent également les entreprises aux activités controversées, qui manquent de transparence ou sont surendettées. Les investisseurs ont ainsi tous les atouts en main pour réussir, étant donné qu’ils exposent leur épargne à des entreprises aux perspectives de croissance plus élevées et aux niveaux de volatilité plus faibles.
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