L’investissement responsable monte en puissance chez les investisseurs particuliers et institutionnels. Cependant, toutes les gestions responsables ne se valent pas : elles ne correspondent pas toutes à la même approche.
L’investissement responsable a le vent en poupe. Selon les chiffres publiés en 2022 par l’Association Française de la Gestion financière (AFG), les encours gérés de façon responsable représentent désormais plus de la moitié des encours globaux sous gestion en France.
Institutionnels et particuliers manifestent leur volonté de s’attacher à des critères financiers et extra-financiers pour leurs investissements. Les investissements dits responsables atteignent désormais 2100 milliards d’euros en France (source AFG). Pour la gestion de cet encours, plusieurs approches d’investissement responsable coexistent.
Les gérants de fonds peuvent recourir à des exclusions sectorielles ou normatives
La plus vieille approche de l’investissement responsable est dite «historique». Elle consiste à exclure du portefeuille toutes les entreprises ayant un impact négatif sur l’environnement ou sur l’éthique. Ainsi, les marchands d’armes, de tabac, de spiritueux et les sociétés investissant dans des énergies nucléaires ou dans les centrales à charbon sont mis à l’écart. Cette sélection peut être effectuée par le gérant du fonds ou directement par le propriétaire des titres. On parle d’exclusion sectorielle.
Une autre méthode repose sur l’exclusion normative. Les comportements de certaines sociétés sont en ligne de mire. En effet, le gérant a toute latitude quant aux secteurs ou acteurs sélectionnés, mais l’entreprise ciblée doit impérativement respecter le droit du travail et les droits humains. Elle doit être scrupuleuse dans le choix de ses sous-traitants et leur imposer les mêmes règles. Ces deux approches sont qualifiées d’approches d’exclusion.
Enfin, il est possible d’opter pour un choix plus positif : au lieu d’exclure, le gérant sélectionne. Il peut procéder à une sélection sectorielle : choisir d’investir dans les centrales de traitement de l’eau, dans le recyclage des déchets, dans des sociétés fabriquant des éoliennes ou encore chez des producteurs d’ampoules à basse consommation. Il peut aussi choisir un spectre d’investissement plus large et sélectionner les sociétés s’illustrant par leur comportement irréprochable sur le plan social.
Les gérants de fonds responsables peuvent privilégier l’analyse ESG
Certains gérants de fonds responsables choisissent de ne s’interdire aucun secteur d’investissement. En contrepartie, ils se montrent attentifs aux indicateurs ESG des entreprises, autrement dit aux critères suivants :
- Environnementaux : quelle est l’empreinte carbone de l’entreprise ? Quelle est sa consommation d’eau ? Quels sont les efforts accomplis pour diminuer ses déchets ?
- Sociaux : la société parvient-elle à fidéliser les salariés ? Déplore-t-elle beaucoup d’accidents du travail ? Comment aide-t-elle les salariés à se maintenir en bonne santé, que fait-elle pour leur retraite ? Les femmes sont-elles représentées aux postes d’encadrement ? Que prévoit l’entreprise pour corriger les déséquilibres salariaux entre hommes et femmes ?
- Gouvernance : y a-t-il des administrateurs indépendants ? Des femmes siègent-elles au conseil d’administration ? Comment sont traités les actionnaires minoritaires ? La direction générale et la présidence sont-elles dissociées ?
Tous ces critères sont passés au crible. Ils aident le gérant à faire ses choix parmi les sociétés les plus vertueuses ou parmi celles affichant une trajectoire témoignant d’efforts réels. «Chez celles qui n’affichent pas de très bons indicateurs ESG, les gérants utilisent leur pouvoir d’actionnaires, notamment le vote en assemblée générale et le dialogue avec le management, pour inciter la direction à accomplir des efforts et à améliorer ses indicateurs ESG», explique Eric Borremans, responsable ESG chez Pictet Asset Management.
À savoir : Il existe un label français dédié à l’investissement responsable : le label ISR. Ses critères sont controversés chez les professionnels de la gestion d’actifs. Un référentiel plus exigeant doit entrer en vigueur en 2024.
L'essentiel à retenir
Pour investir de manière responsable, il y a plusieurs techniques
- Exclure certains secteurs d’activité
- Concentrer ses investissements sur les énergies renouvelables et le recyclage
- Exclure les sociétés affichant de mauvais comportements sur le plan social
- Concentrer ses recherches d’investissement sur des entreprises très vertueuses en matière sociale.
- Au lieu d’exclure, ou d’être très sélectif sur des secteurs de l’économie, il est aussi possible de regarder, parmi toutes les sociétés cotées, celles qui affichent les meilleurs indicateurs ESG, environnementaux, sociaux et de gouvernance.