Les émetteurs publics et privés ont désormais recours aux obligations vertes et/ou sociales. En effet, les engagements mondiaux pour améliorer l’impact environnemental de nos habitudes de consommation touchent aussi les marchés financiers. Il s’agit notamment de financer les besoins engendrés par la crise sanitaire de la Covid-19 et la transition énergétique.
D’ici 2025, les émissions d’obligations mondiales labellisées sur la base de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) vont se développer. Ils pourraient atteindre 4500 milliards de dollars par an.
Les marchés obligataires en pleine mutation
Ces chiffres sont tirés de l’étude publiée par Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale en janvier 2022. Ils sont annonciateurs d’une véritable révolution à l’horizon des 5 à 10 prochaines années. Actuellement, les placements ESG sont surtout liés à des investissements en actions. Cependant, la contribution des investissements en obligations apparaît donc comme une nécessité pour promouvoir le développement durable. En effet, les capitaux requis chaque année pour, notamment, limiter le réchauffement climatique sont évalués à près de 4000 milliards de dollars.
Les obligations à finalité durable
Les obligations ESG (ou durables) sont nées avec les obligations vertes, ou «green bonds», destinées à financer des projets ayant un impact environnemental positif. En 2007, la Banque européenne d’investissement a émis la première obligation verte au monde, suivie, en 2008, par la Banque mondiale. La France a longtemps été le premier pays émetteur d’obligations vertes en Europe, mais depuis, de nombreux États lui ont emboité le pas.
Il faut désormais compter avec les «social bonds» et les «sustainability bonds». Les premiers financent des projets ayant des résultats positifs sur la santé, l’emploi, la précarité..., les seconds financent des projets sociaux et des projets verts. Par ailleurs, le taux d'intérêt des «sustainability linked bonds» varie selon l’atteinte (ou non) de ses objectifs ESG.
Des obligations pour couvrir les besoins de la crise sanitaire
Depuis la crise sanitaire, les emprunts d'États ont massivement recours aux obligations pour financer des programmes d’investissements verts et sociaux. Dans son plan de relance et d’investissement Next GenerationEU de 750 milliards d’euros adopté en juillet 2020, l'Union européenne a émis une première série d’obligations sociales SURE (Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency) pour 100 milliards d’euros.
De janvier 2020 à janvier 2021, les émissions d'obligations sociales, privées comme publiques, ont bondi de 720% dans le monde. Ainsi, selon le rapport de BloombergNEF publié en janvier 2021, elles représentent 147,7 milliards de dollars, dont 42% réalisées en Europe. En France en 2020, par exemple, la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) a émis 23 milliards d’euros d’obligations sociales, et l'Unedic, le régime d'assurance-chômage, 17 milliards.
Financer le développement durable grâce aux obligations
La tendance s’est considérablement accélérée en 2021 sous la pression de la COP26 et des engagements des acteurs de la finance en matière de finance durable. Celle-ci a provoqué un déferlement d’obligations durables et elles ont presque doublé en 2021. Elles atteignent 800 milliards d’euros et les prévisions tablent sur une croissance de 50% en 2022.
Selon l’étude menée par Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale, les emprunts liés au développement durable devraient occuper une place croissante sur les marchés de la dette émergente souveraine et du crédit. Ainsi, le volume d’émissions d’obligations ESG sur les marchés émergents devrait passer d’environ 50 milliards de dollars par an en 2020 à 360 milliards d’ici 2023.
L'essentiel à retenir
- Les placements ESG se font essentiellement en actions, mais la contribution des obligations apparaît nécessaire.
- En 2025, les émissions d’obligations durables pourraient atteindre 4500 milliards de dollars par an.
- La crise sanitaire et la COP26 accélèrent l’essor des obligations.