En 2019, les ménages américains sont redevenus les premiers détenteurs d’actions américaines, devant les investisseurs institutionnels et les entreprises. La situation est différente en France, où les ménages restent timides dans leurs achats d’actions.
Les ménages français sont peu présents sur les marchés Boursiers
Les derniers chiffres fiables sont sans appel. Selon Euronext, en 2017, les investisseurs individuels détenaient 3,9% du SBF 120 (les 120 plus grosses capitalisations boursières françaises). C’est presque autant que l’État (4% du SBF 120), mais moins que les familles et fondateurs (13,7%), et nettement moins que les sociétés d’investissement (24%).
Depuis, certains particuliers ont peu à peu repris goût aux marchés. L’introduction en Bourse de la Française des Jeux, fin 2019, les y a encouragés. Avec le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19 et la chute brutale des cours du printemps 2020, la tendance s’amplifie. L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a recensé 150.000 nouveaux investisseurs individuels rien qu’au mois de mars 2020. Pourtant, les épargnants français sont encore moins de quatre millions à détenir des actions en direct. La France compte 29 millions de ménages.
Les Français font confiance à leurs intermédiaires financiers pour gérer leur épargne
Les raisons de cette tiédeur sont diverses. La première réside dans l’attachement à la pierre que manifestent encore beaucoup de Français. L’immobilier pèse pour les deux tiers dans leurs patrimoines. La frilosité des Français en matière d’investissement financier tient également à leur aversion au risque. Beaucoup s’en remettent à leurs établissements financiers et aux organismes publics pour gérer leur épargne. L’envie de comprendre comment elle est placée et d’où provient la rémunération est parfois absente.
Pour leur épargne de précaution, les Français ont à leur disposition des livrets d’épargne réglementés. Le rendement est garanti et sans fiscalité. Les livrets A, LDDS ou livrets d’épargne populaire sont simples à appréhender et sans surprise. Les épargnants s’interrogent peu sur ses composantes.
Lorsqu’ils détiennent une épargne un peu plus conséquente, les Français se tournent en général vers l’assurance vie, avec une très nette préférence pour le fonds en euros de leur contrat. Celui-ci est réputé sans risque : les fonds versés sont garantis par les assureurs. Lorsque le titulaire d’un contrat regarde sa valorisation, les sommes liées au fonds en euros sont toujours affichées. Chaque année, les intérêts versés s’ajoutent à ces sommes garanties. Ce système est rassurant pour les épargnants.
Dans la réalité, les assureurs investissent ces sommes dans des actifs (majoritairement obligataires) soumis aux aléas de marché. Ils se déprécient et s’apprécient en fonction du climat économique et de la bonne marche des affaires. Le titulaire du contrat investi dans le fonds en euros est tenu à l’écart de cette valorisation irrégulière et des pics de marchés auxquels sont soumis les assureurs.
Le saviez-vous ?
D’après le Baromètre 2022 de l’épargne et de l’investissement de l’Autorité des marchés financiers (AMF), 22% des épargnants ont investi dans le cadre de leur contrat d’assurance-vie en 2022. 14% ont opté pour de l’immobilier locatif (SCPI, OPCI). 17% des épargnants ont choisi de placer leur épargne en Bourse.
La retraite par répartition éloigne l’idée de se constituer un capital
Le troisième élément expliquant la réserve des Français vis-à-vis de la bourse tient à la singularité du système de retraite par répartition. Aux États-Unis, les épargnants sont contraints d’économiser dollar après dollar pour se constituer une épargne conséquente. Ils commencent jeunes. Au fil de leur carrière, ils placent cette épargne. Pour espérer une rémunération attractive sur le long terme, ils l’investissent en actions. En avançant en âge, ils la désinvestissent. Une fois à la retraite, ils puisent régulièrement dans le pécule constitué par capitalisation pour assurer leur train de vie.
En France, les salariés et les indépendants préparent aussi leur retraite dès leur entrée dans la vie active, car ils sont obligés de cotiser. Mais le revenu de remplacement des seniors fonctionne différemment. Au lieu d’être accumulées et placées sur le compte du cotisant, les sommes cotisées sont immédiatement dépensées pour verser leurs pensions aux retraités. Qu’ils soient jeunes ou plus âgés, les Français savent que leurs cotisations leur ouvrent des droits futurs. Toutefois, le mode de calcul leur échappe souvent. En fonction des générations, il peut différer. Le mécanisme global est pris en charge par l’assurance retraite, et les actifs ne sont pas impliqués directement dans la gestion de leurs futurs revenus.
Malgré tout, les Français ont intérêt à s’investir dans la préparation de leur retraite pour réduire la différence entre leurs derniers salaires et leurs premières pensions. Dans ce contexte, l’investissement en actions est recommandé. Malgré une volatilité élevée, la Bourse peut offrir une bonne performance à long terme (dix ans et plus).
D’après les chiffres rappelés par le Baromètre 2022 de l’épargne et de l’investissement de l’Autorité des marchés financiers (AMF), historiquement, un placement diversifié en actions sur 15-20 ans a procuré en moyenne 5% à 7% de rendement par an. À long terme, les placements en actions procurent donc souvent un rendement plus élevé que les placements garantis.
L'essentiel à retenir
- Les Français, contrairement aux Américains, sont plutôt réticents à investir en actions.
- Une large part d’entre eux préfèrent ne prendre aucun risque, quitte à renoncer à une rentabilité correcte de leurs placements.
- Le système de retraite par répartition répond à des modes de calcul qui leur échappent totalement et ne les encourage pas à se constituer une épargne financière.
Publié le : 07.01.2021
Mis à jour le : 29.09.2023