La rémunération des livrets doit, théoriquement, couvrir l’inflation et éviter aux épargnants de perdre en pouvoir d’achat. Pourtant, la révision de leurs taux ne permet pas de lutter contre l’inflation. Pour faire des profits plus attrayants, il faut se tourner vers des placements plus dynamiques.
Quand l’inflation augmente, les épargnants sont préoccupés. Pour ne pas s’appauvrir, leur épargne doit avoir un taux de rémunération supérieur à celui de l’inflation. Or, actuellement, le livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) sont rémunérés à 3%. Ce niveau est inférieur au taux d’inflation actuel.
En France, l’inflation a fortement augmenté depuis 2021
L’inflation avait chuté sous les 1% annuel depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020. Mais elle a renoué progressivement avec des niveaux plus importants dès 2021 : 1,1% en mars 2021, 1,2% en avril 2021, 1,4% en mai 2021 et 1,5% en juin 2021, selon les chiffres de l’Insee. En conséquence, les livrets d’épargne sont devenus insuffisants à compenser la hausse des prix. Cela entraîne une baisse du pouvoir d’achat de leurs titulaires.
Pour faire face aux changements de conjoncture, la Banque de France a révisé le taux des livrets A, LDDS et LEP. La formule de calcul tient compte du taux d’inflation au cours des six derniers mois. Elle prend également en considération l’Eonia, un taux interbancaire à très court terme. Or, celui-ci est toujours en territoire négatif. Il tire le taux de rémunération calculé vers le bas.
Les hausses de taux tiennent compte de l’inflation
En février 2022, le taux de rémunération des livrets d’épargne réglementée a connu une première révision à 1%. En raison de la forte hausse de l'inflation, ce taux de rémunération a été porté à 2% le 1er août 2022. Le 1er février 2023, le taux de rémunération du livret A est passé à 3%, un record absolu depuis 15 ans. Toutefois, d’après la formule théorique de calcul de la rémunération du taux de rémunération des livrets d’épargne réglementée, le taux aurait dû atteindre 3,30%. Le Gouverneur de la Banque de France peut proposer au ministre de l’Économie de déroger à ce calcul en cas de circonstances exceptionnelles. C’est ce qu’il a choisi de faire.
La rémunération des livrets d’épargne réglementée ne protège pas de l’inflation
Pendant l’été 2023, le gouvernement avait la possibilité d’augmenter le niveau de rémunération des livrets d’épargne réglementée à 4,1%, conformément à la formule de calcul en application. à la place, la rémunération du Livret A est gelée à 3% pour dix-huit mois. L’inflation se chiffre à 4,9% sur un an en septembre 2023, d’après les chiffres de l’Insee. Elle devrait s’établir à 4,2% en décembre 2023, amorçant une lente décrue. La rémunération des livrets d’épargne réglementée ne permet donc pas de protéger les épargnants de la perte de pouvoir d’achat dû à l’inflation.
Même lorsque les livrets sont mieux rémunérés, la différence entre leur taux de rémunération et le taux d’inflation est faible. Ce taux est appelé taux d’intérêt réel. Il va rarement au-delà de 0,5 point. Cette situation doit amener les épargnants à s’interroger sur leur usage des sommes logées dans ces livrets réglementés. Il faut les dédier l’épargne de précaution : une enveloppe financière immédiatement disponible, destinée à faire face à un coup dur. La plupart des spécialistes du patrimoine recommandent d’y consacrer l’équivalent de trois mois de revenus, ou le double pour les indépendants faisant face à des rentrées financières aléatoires.
À savoir : Pour espérer obtenir un meilleur rendement, il faut accepter de placer son épargne sur des supports plus risqués. Il faut envisager des enveloppes d’épargne de plus long terme et des placements plus dynamiques, comme les actions par exemple.
L'essentiel à retenir
- La rémunération des livrets d’épargne réglementée tient compte de l’inflation. Toutefois elle souffre d’un effet retard.
- Les livrets ne suffisent pas à couvrir l’inflation.
- Même quand le taux de rémunération est supérieur au taux d’inflation, le taux réel est faible.
- Pour espérer un meilleur rendement, il faut se tourner vers des placements plus dynamiques mais plus risqués, comme les actions.