Pour composer leur portefeuille, les investisseurs prennent en compte leur propre résistance au risque et leur envie de rendement. De plus en plus d’épargnants introduisent un troisième critère dans leurs prises de décisions : l’impact social et environnemental de leur investissement.
Les épargnants ont des objectifs d’investissement différents. Ils investissent des sommes différentes. Certains peuvent accepter du grand risque et d’autres non. De ces situations, découlent des compositions de portefeuilles différentes les unes des autres.
Les questions à se poser quand on est investisseur
Les investisseurs particuliers doivent tenir compte de plusieurs paramètres importants quand ils composent leur portefeuille ou qu’ils demandent à un spécialiste de s’en charger pour eux. Tout d’abord, ils doivent évaluer leur horizon de placement et répondre à cette question centrale : quand sont-ils susceptibles d’avoir besoin de leur épargne ? Seuls les montants pouvant être immobilisés pendant longtemps doivent être investis sur les marchés financiers, car les fluctuations y sont importantes. Selon la situation personnelle, familiale ou professionnelle de l’épargnant, la part du capital financier varie au fil des années.
Deux paramètres historiques pour composer son portefeuille : le risque et le rendement
Une fois les montants à investir dans leur portefeuille de titres déterminés, les investisseurs doivent définir leurs priorités. Certains souhaitent de la performance, quitte à prendre un risque élevé. D’autres acceptent un espoir de rendement plus faible mais attachent davantage d’importance à préserver leur portefeuille et à limiter sa volatilité. Ce couple rendement/risque est fondamental. Il doit rester dans les esprits : il n’existe pas de rémunération élevée sans exposition forte au risque. Par exemple, les actions sont souvent plus rémunératrices que les obligations des États jugés solides. Ainsi, un investisseur engage un risque modéré en faisant l’acquisition de Bunds allemands, mais il expose davantage son portefeuille à des fluctuations s’il investit dans le capital d’un constructeur automobile. En échange de cette prise de risque importante, le rendement de l’action (le dividende) est plus élevé pendant les années florissantes que le coupon d’une obligation.
Le critère extra-financier est pertinent dans le cadre d’une stratégie d’investissement
Aujourd’hui, ces deux paramètres essentiels (risque et le rendement) sont complétés par un troisième. Ce dernier est extra-financier. Il s’agit de l’impact de l’investissement sur la stratégie de l’entreprise, sur les sujets sociaux, sur les questions environnementales et sur le plan de la gouvernance. Prendre part au capital d’une entreprise, c’est plus que simplement la financer et recevoir des dividendes en retour. Cela signifie également l’encourager dans son métier, sa filière et dans la stratégie choisie. Or, certaines sociétés affichent des comportements contestables sur le plan social. D’autres ont un impact environnemental négatif et contribuent à la baisse de la biodiversité ou au dérèglement climatique. En refusant de cautionner ces pratiques, les investisseurs les plus engagés excluent des secteurs entiers de leur portefeuille.
La gestion à impact améliore le couple rendement/risque des portefeuilles
Pour placer leur épargne de façon responsable, d’autres préfèrent privilégier l’investissement à impact. L’idée est de bien identifier les sociétés ne faisant aucun effort et celles qui affichant au contraire une trajectoire en constante amélioration, même parmi les secteurs les plus décriés. La marge de progrès peut rester importante. Dans ces sociétés, des milliers d’investisseurs usent de leur pouvoir pour obtenir la mise en place de nouveaux efforts par les gérants. Ils utilisent fréquemment leur droit de vote en Assemblée générale et peuvent choisir de quitter le capital en cédant leurs parts, s’ils constatent des manquements de la part de l’entreprise.
Le saviez-vous ? En 2022, le marché mondial de la finance à impact a dépassé la barre symbolique des 1000 milliards de dollars, d’après le dernier rapport du Global Impact Investing Network. Les encours sous gestion s’élèvent à 1164 milliards de dollars, soit 40 fois plus qu’en 2012.
À court terme, l’investisseur n’est pas à l’abri d’une moindre performance globale. La gestion à impact donne davantage de travail aux équipes de gestion. Elles ont pour mission d’analyser les critères financiers et extra-financiers : cela tend à alourdir les frais. Pourtant, à moyen terme, le couple rendement-risque du portefeuille peut s’en trouver amélioré. En effet, en prenant en compte de nombreux critères, les équipes de gestion peuvent distinguer les sociétés en avance de celles perdant définitivement leur crédibilité. Corrélativement, un grand volume d’affaires peut être perdu pour ces dernières. L’investissement à impact va donc bien au-delà de la seule envie d’être responsable : il a un effet positif, à terme, sur la performance du portefeuille.
L'essentiel à retenir
- Jusqu’ici, les épargnants composaient leurs portefeuilles en fonction de deux paramètres : le risque et le rendement.
- Aujourd’hui, une part grandissante d’entre eux intègre l’impact social et environnemental de ses investissements.
- A moyen terme, cette stratégie guidée par des convictions extra-financières est bénéfique pour la performance du portefeuille.