Que faire quand le rendement des placements «sans risque» s’approche de zéro ou devient négatif ? Pour l’immobilier et pour l’épargne financière, des solutions existent. Pour saisir ces opportunités, il faut accepter davantage de risque et adopter de nouveaux réflexes.
La baisse d’attractivité des fonds en euros
Quand les taux d’intérêt sont bas, c’est une bonne affaire pour l’emprunteur, moins pour le prêteur. Or, les premiers prêteurs de l’État sont les épargnants. Ils passent par l’intermédiaire des fonds en euros de leurs contrats d’assurance-vie. Pour eux, cette baisse des taux constitue une mauvaise nouvelle. Un univers de taux bas (voire négatif) mine la rémunération des fonds en euros. C’est ce qui s’est passé pendant la décennie 2010-2020. La rémunération des fonds en euros a connu une baisse continue. En 2022, cette rémunération est repartie à la hausse. Pour autant, les épargnants peuvent aussi tirer parti de cette situation inédite de taux très bas.
Premier réflexe quand les taux sont bas : emprunter pour développer son patrimoine
Le premier réflexe en période de taux bas consiste à investir à crédit dans l’immobilier. Même les acheteurs avec des liquidités ont intérêt à emprunter. En 2018, les banques ont octroyé des prêts à des conditions imbattables et inédites. Certains acquéreurs se sont endettés sur vingt ans à moins de 1%, hors assurance. Pour un emprunt de 200.000 euros sur vingt ans, leurs mensualités sont de 980 euros, assurance incluse. Sur ce montant, seuls 226 euros correspondent à des intérêts et des frais le premier mois. Ainsi, la part de capital (754 euros) représente 77% de la mensualité. L’emprunteur épargne donc 754 euros chaque mois. Ce montant progresse toujours plus au fil des échéances. L’acheteur bénéficie aussi de l’effet de levier du crédit : il utilise un bien ou en encaisse les loyers sans l’avoir intégralement payé.
Pour investir, il faut être plus sélectif et accepter davantage de risque de capital
Quand les taux sont bas, il est irrationnel d’opter pour des obligations d’État à long terme : leurs taux sont négatifs ou proches de zéro. Pour les investisseurs, d’autres pistes existent. Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, en détaille quelques-unes :
- «Sur le marché obligataire, les fonds spécialisés dans les pays émergents sont à regarder de près : les bons du Trésor à 10 ans des pays émergents offrent une bonne perspective de rendement, avec, en outre, un risque de défaut de ces États qui diminue progressivement dans le temps ».
- Les obligations à haut rendement. Elles sont émises par des sociétés fortement endettées. « Lorsque leur échéance est programmée à un an, deux ans ou trois ans, l’investisseur peut espérer un rendement annuel supérieur à 2% », poursuit Frédérique Rollin.
- Enfin sur le marché des actions, certains secteurs sont particulièrement décotés. Les banques, en particulier, ont des valorisations très basses. En plus, ce sont elles qui bénéficient les premières de la remontée des taux longs lorsqu’elle se produit. », conclut Frédéric Rollin.
L'essentiel à retenir
- Dans un univers de taux bas, il existe différents moyens pour faire fructifier son épargne.
- Les candidats à l’achat immobilier s’endettent à des conditions imbattables.
- Et sur les marchés obligataires, en acceptant un risque de perte en capital, les obligations des pays émergents, ou encore les obligations à haut rendement, peuvent être source d’opportunité.