Les entreprises non cotées font face à des difficultés importantes depuis le Covid. Les épargnants peuvent les aider à renforcer leurs fonds propres en prenant part à leur capital. Ces placements sont encouragés par des incitations fiscales.
Lorsque la pandémie a rendu le confinement inévitable au printemps 2020, les pouvoirs publics ont pris un grand nombre de décisions pour soutenir les entreprises. Le prêt garanti par l’État (PGE) compte parmi les mesures mises en place.
Les PME-TPE face au « mur de la dette »
Les PME et les TPE (moyennes, petites et très petites entreprises) ont massivement eu recours au prêt public. L’objectif était de faire face aux trous de trésorerie et d’afficher des finances assez solides pour traverser des mois compliqués.
À l’époque, les chefs d’entreprise espéraient voir leur activité redémarrer progressivement après la crise puis s’accélérer à la rentrée. Ils devaient dégager des bénéfices leur permettant de rembourser les intérêts et le capital de leurs emprunts. Les conditions sanitaires ont malheureusement perduré. Le deuxième confinement a pesé de nouveau sur l’économie et placé beaucoup d’entre eux au pied du « mur de la dette ». Les TPE et PME, touchées par la fin des aides et par les encours de crédits, souffrent : en 2023, les cessations d’activité ont augmenté entre 75% et 95% par rapport à 2022. C’est plus qu’en 2019. Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes sont aussi concernés : ils sont 56 à avoir déposé le bilan en 2023, contre 23 l’année précédente. Cela représente une augmentation de 142%.
Le financement participatif crée une bouffée d’air frais pour les finances des entreprises
Les entreprises ont besoin d’autres sources de financement que les emprunts, car ces derniers sont limités. Il est donc fondamental de les aider à retrouver une assise financière solide, en investissant dans leur capital. Certaines entreprises en démarrage l’ont bien compris et s’adressent à des plateformes d’investissement participatif pour lever les fonds manquants.
Pour les épargnants, soutenir les TPE et les PME en investissant dans leur capital s’apparente à « une mesure de patriotisme économique », selon le ministre de l’économie Bruno Le Maire. BPI France, la banque publique d’investissement, a lancé son propre fonds d’investissement dans les PME. Le soutien est différent du mécénat : il s’agit d’investir avec un horizon de long terme pour laisser le temps aux entreprises de se relever après cette période éprouvante.
Des incitations fiscales importantes pour les investisseurs soutenant les entreprises
L’État encourage les investissements en capital des particuliers, avec des incitations fiscales importantes :
- Les sommes apportées au capital de petites entreprises non cotées avant le 31 décembre 2023 donnent lieu à une réduction fiscale. L’investisseur voit son impôt sur le revenu baisser de 25% du montant investi. L’investissement est pris en compte dans la limite de 50.000 euros pour une personne seule et 100.000 euros pour un couple. L’opération d’achat d’actions n’est pas éligible à ce dispositif.
- Il est possible de loger les titres de la société dans un PEA-PME. Les dividendes perçus et la plus-value enregistrée (le cas échéant) sont exonérés d’impôt.
Ces incitations fiscales ne doivent pas faire oublier aux épargnants les objectifs de tout bon investissement. Entrer au capital d’une entreprise non cotée est un engagement de long terme. Pendant la durée de l’investissement, la société peut s’affranchir du versement de dividendes, surtout si elle se trouve dans une situation difficile. Avant de se lancer, il est donc fondamental de croire en la pérennité de l’entreprise. L’investisseur doit aussi veiller à ne placer que des sommes dont il n’a pas besoin pendant une dizaine d’années. Même si l’entreprise prospère et se développe, les possibilités de sortie et de revente des parts sont rares.
L'essentiel à retenir
- Les entreprises, surtout les plus petites, se sont beaucoup endettées pour faire face à la crise économique. Elles ont besoin de retrouver une situation financière saine en renforçant leur capital.
- Les épargnants sont incités sur le plan fiscal à investir dans les PME.
- Pour autant, il ne faut pas perdre de vue l’objectif d’un investissement. Il ne s’agit pas de soutenir artificiellement une entreprise mourante, mais d’aider des sociétés pérennes à passer un cap difficile.