Le seuil d’alerte pour la préservation de la biodiversité a été franchi. Au-delà des conséquences sur nos conditions de vie, cela représente aussi une menace pour la stabilité financière. Les acteurs de la finance commencent donc à se mobiliser pour protéger la biodiversité.
Vérifier l’empreinte climat de son investissement est insuffisant pour investir responsable. Pour vous assurer de la durabilité de vos choix patrimoniaux, la biodiversité doit également entrer en ligne de compte.
La biodiversité, une des neuf limites planétaires
La biodiversité correspond à la richesse des espèces et à leur nombre en un lieu donné. En 2009, le « Stockholm Resilience Centre » a défini les « neuf limites planétaires », des seuils à ne pas dépasser par l’humanité si on ne veut pas compromettre nos conditions de vie sur terre. Selon ce cadre d’analyse, le seuil d’extinction des espèces animales et végétales au-delà duquel nous risquons de devoir faire face à un changement d’état de l’écosystème planétaire est considéré comme dépassé depuis cette date. La pandémie a rappelé l’un des nombreux effets délétères de la disparition progressive de la biodiversité. Elle participe notamment à l’augmentation des zoonoses représentant un enjeu croissant de santé publique à l’échelon mondial.
À savoir : À titre de comparaison, le seuil limite, avant de faire face à un changement d’état de l’écosystème, n’est pas encore considéré comme atteint pour le dérèglement climatique.
La France, réservoir de 10% de la biodiversité
La France héberge environ 10% de la biodiversité mondiale. Selon l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), elle abrite plus de 21.000 espèces endémiques, principalement en outre-mer. Or selon les chiffres du ministère de l’Écologie, la France figure parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées à l’échelle mondiale (1301 espèces). Cela représente 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens, 32% des oiseaux nicheurs et 19% des poissons d’eau douce.
Ce phénomène est mondial et on parle désormais de la sixième extinction de masse. Pour l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les activités humaines ont causé la destruction de 892 espèces au cours des cinq derniers siècles. Les États se mobilisent pour contrer ce phénomène. La COP15, prévue le 22 avril 2022 en Chine, dans le cadre de la Convention pour la Diversité Biologique (CDB) mise en place lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, est très attendue. Elle définira un nouveau cadre mondial pour avancer sur la voie de la régénération.
La mobilisation des acteurs de la finance
Les acteurs de la finance intègrent peu à peu l’impact et la dépendance de leurs investissements aux dimensions environnementales et, de ce fait, à la préservation de la biodiversité. L’article 173 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015 a mis en place, à la charge des investisseurs, une obligation légale de reporting sur la prise en compte des risques climatiques dans leur stratégie d’investissement et leur gestion des risques. En 2019, la loi énergie-climat a élargi cette obligation à la préservation de la biodiversité, signe de l’ambition forte de la place de Paris en faveur de la biodiversité.
Un enjeu de taille, puisque d’après les chiffres du FMI, les activités économiques dépendantes de la biodiversité représentent 44.000 milliards de dollars soit plus de la moitié du PIB mondial. Selon une étude exploratoire de la Banque de France, plus de 40% des actifs détenus par les institutions financières françaises sont directement affectés par l’érosion de la diversité, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la stabilité financière.
L'essentiel à retenir
- Le seuil de risque en matière de biodiversité est franchi, un risque majeur pour notre vie sur Terre
- Avec la COP15 sur la biodiversité en avril 2022, ce sujet est inscrit à l’agenda international
- Les investisseurs et les sociétés de gestion se sont emparés de cette thématique