Un monde de taux bas
L’inflation n’est désormais plus un sujet d’inquiétude, ce qui laisse le champ libre aux banques centrales pour baisser leurs taux directeurs, ce qui se répercute sur l’intégralité de la courbe des taux (taux aux entreprises, aux consommateurs etc…). Mi-octobre, la Banque Centrale Européenne (BCE) a baissé son taux directeur de 25 points de base, pour la troisième fois cette année, et devrait progressivement le porter à 2%. C’est une excellente nouvelle pour les emprunteurs et l’économie en général. Cela va permettre de relancer l’investissement des entreprises et de redynamiser le marché de l’immobilier dans les mois à venir. Mais c’est une mauvaise nouvelle pour les épargnants. Au cours des dernières années, ils ont opté pour des placements « sans risques » assortis d’un taux de rendement élevé – les fonds monétaires, les fonds en Euro des compagnies d’assurance, les livrets réglementés etc. La baisse des taux rend ces placements beaucoup moins attractifs puisque leur rendement, qui est lié au taux de la BCE, diminue et va encore diminuer dans les trimestres à venir.
Heureusement, d’autres placements se prêtent à un environnement de taux bas.
Détenir des actions, c’est le b.a.-ba
Le marché des actions est incontournable, en particulier les actions américaines de l’univers numérique, de la sécurité et de la robotique. On parle de sociétés de croissance. Elles ont un fort potentiel de développement, sont souvent endettées et capitalise sur les taux bas pour investir. Elles ont eu tendance à être pénalisées pendant la période de hausse des taux de 2022 et de 2023. L’année 2024 a été jusqu’à présent un bon cru pour ces entreprises. Cela devrait perdurer l’an prochain. Rien de plus simple pour investir en tant qu’épargnant : on peut acheter ces entreprises en direct (par exemple via un PEA si cela s’y prêteL’univers de placement est limité avec une surexposition aux entreprises cotées européennes Mais il possède une fiscalité avantageuse. Si vous retirez votre épargne cinq ans ou plus après l’ouverture du PEA, vous n’aurez pas à payer d’impôt sur le revenu sur les gains accumulés depuis l’ouverture de votre plan ; ils ne supporteront que les prélèvements sociaux prélevés lors de chaque retrait partiel (pour la fraction correspondant aux sommes retirées) et/ou de la fermeture définitive du plan.) ou via des fonds actions (comme les fonds thématiques).
Diversifier avec l’obligataire à haut rendement
Les actifs obligataires à haut rendement peuvent présenter une poche de diversification intéressante. Fin 2023, beaucoup d’analystes étaient inquiets à propos du « mur de la dette » - une montagne de dette à refinancer. Finalement, il n’y a pas eu d’accident notable. Les entreprises, tous secteurs confondus, y compris dans l’immobilier qui a pourtant souffert ces deux dernières années, ont réussi à se refinancer sans difficulté. Le taux de défaillance reste contenu par rapport à la moyenne historique. Surtout, on observe un changement structurel sur le marché de la dette à haut rendement. Il ressemble à s’y méprendre à l’investment grade (actifs obligataires de très bonne qualité qui ont un taux de défaillance faible). Seule différence de taille pour l’épargnant, sa rémunération est plus élevée que l’investment grade. Il y a tout à y gagner. En fait, depuis la Covid, les entreprises les plus en difficultés ont quitté ce segment de marché. Celles qui y restent sont souvent de bonne qualité, avec des ratios financiers solides et des perspectives d’évolution rassurantes. Attention toutefois, cette catégorie de placement nécessite de faire appel à un spécialiste. On suggère, en général, d’intégrer de l’obligataire à haut rendement via une SICAV qui est gérée par un expert dont le seul métier est de surveiller la qualité des entreprises qui se trouvent dans le portefeuille et d’ajuster sa composition, si nécessaire.
Découvrir le private equity
Enfin, la baisse des taux allège l’endettement des entreprises et peut les inciter à investir de nouveau pour accroître leur productivité, développer de nouveaux produits, gagner des parts de marché etc... C’est favorable pour les entreprises cotées en bourse mais aussi pour les entreprises non cotées – le private equity (PE). L’univers du PE va être de nouveau dynamiser par la baisse des taux. Les fonds, qui accompagnent ces entreprises, ont reporté beaucoup de transactions. Les choses sont en train de changer. Et c’est une bonne nouvelle pour les épargnants qui peuvent intégrer du PE dans leur portefeuille d’investissement. En fonction du profil de chaque épargnant, cela peut représenter autour de 10-15% du total de son épargne. Toutefois, à l’inverse de l’obligataire à haut rendement et des actions, celle-ci est bloquée pendant plusieurs années (le temps de permettre le développement de l’entreprise avec le soutien du fonds de PE). Néanmoins, ça en vaut souvent la chandelle en termes de rendement.
Un monde de taux bas (ou en tout cas plus bas que sur les deux dernières années) va avoir tendance à mieux rémunérer la prise de risque. Pour l’épargnant, cela doit se traduire par une plus faible exposition aux placements « sans risques » et par l’intégration de placements plus dynamiques, en particulier les actions qui, sur le long terme, sont la garantie de belles performances. Et, dans le contexte actuel, c’est peut-être aussi le bon moyen pour commencer à préparer sa retraite, si ce n’est pas déjà fait.
L'essentiel à retenir
- Les actions des valeurs de croissance sont incontournables pour avoir du rendement.
- Diversifier avec un peu d’obligataire à haut rendement peut être un pari gagnant.
- Pourquoi ne pas miser sur le private equity à condition d’accepter qu’une partie de son épargne soit bloquée ?