Les attitudes des investisseurs sont conditionnées par des biais cognitifs ou comportementaux. Ils peuvent leur faire prendre des décisions irrationnelles. Quand les investisseurs sont nombreux à agir, les mouvements s’amplifient sur les marchés. Ceci explique les tendances haussières en plein cataclysme ou les baisses exagérées après de bonnes nouvelles.
Décembre 2019 : le Covid 19 fait son apparition en Chine. En France, l’indice Cac 40 franchit la barre des 6000 points pour la première fois depuis 2007. L’indice S&P 500 clôture l’année sur une hausse de 28,9%. À la veille d’une pandémie pouvant entraîner une récession économique, comment expliquer cet enthousiasme des marchés ?
TINA : « il n’y a pas d’autre choix », pensent les investisseurs
La réponse au comportement paradoxal des investisseurs fin 2019 tient en quatre lettres : TINA, « There Is No Alternative ». Lassés des très faibles rendements de leurs placements obligataires, les épargnants et les investisseurs institutionnels reportent leurs espoirs sur les actions. Après une bonne année 2019, les entreprises distribuent des dividendes records. Même si les perspectives de plus-value sont faibles, les actions constituent la seule classe d’actifs susceptible de fournir un rendement intéressant. Cette stratégie « tout sur les actions, faute de mieux » va à l’encontre des principes de diversification du portefeuille. Pourtant, la diversification permet d’atténuer la prise de risque.
« Fear, Uncertainty and Doubt » : le FUD, carburant de la baisse chez les investisseurs
En janvier 2020, la menace d’une pandémie prend forme. La Bourse de Paris recule de 2,68%. Puis les marchés reprennent confiance et le Cac 40 clôture à 6111 points à la mi-février. Comment expliquer ce paradoxe ? L’alerte commence à poindre, mais les investisseurs préfèrent se concentrer sur les propos rassurants. L’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, parle par exemple d’un risque d’importation du virus « pratiquement nul ». Les investisseurs sont alors influencés par un biais de confirmation. En accordant davantage d’importance aux nouvelles abondant dans leur sens, ils se ferment aux avis annonciateurs de pertes futures.
En février 2020, le virus est contagieux et tue aussi en Europe. Les investisseurs paniquent. La chute du Cac 40 est brutale : –38,5% en un mois. La peur s’ajoute à l’incertitude d’une situation inédite. Le moteur de cette descente aux enfers est alimenté par un nouveau carburant : le FUD, pour « Fear, Uncertainty and Doubt » (peur, incertitude et doute).
Le syndrome du FOMO
Fin mars 2020, le Cac 40 a progressé de 21% en six séances. Les investisseurs reprennent espoir. Le 5 juin 2020, le Cac clôture à 5197 points : il a regagné 38%. La progression est forte et effraie les observateurs car les perspectives à moyen terme de l’économie mondiale restent moroses. L’explication est à chercher du côté d’un comportement de marché baptisé FOMO, pour « Fear of Missing Out » (soit : la peur de rater quelque chose). L’investisseur refuse de voir passer le train sans monter dedans. Cela peut le conduire à accepter un ticket d’entrée à un prix élevé.
D’autres comportements des marchés financiers
Parmi les nombreux biais régissant les comportements des épargnants sur les marchés, on trouve aussi le comportement moutonnier. Celui-ci pousse à adopter la même attitude que tout le monde, sans nécessairement comprendre pourquoi. On peut en outre citer le statu quo, visant à remettre une décision importante à plus tard, par peur de faire un mauvais choix. Le biais de disponibilité est une autre réaction classique. Il encourage l’investisseur à réagir à une nouvelle récente à propos d’une société, sans prêter attention aux autres éléments (plus anciens) de nature à influer sur les prix.
Enfin, le biais d’ancrage consiste à rester fixé sur un prix record (très bas ou très haut). Les investisseurs attendent de façon exagérée avant d’acheter ou de vendre, en espérant un hypothétique retour à ces niveaux fantasmés. C’est un piège courant et redoutable pour la bonne tenue de son portefeuille.
Investisseurs : comment éviter les pièges de ces comportements irrationnels ?
Tous ces biais entraînent les investisseurs dans des comportements souvent irrationnels. La meilleure façon de s’en détourner consiste à analyser froidement les données financières des entreprises et des économies nationales. Malheureusement, la tâche peut être complexe.
La parade est de s’en remettre aux choix des professionnels, en investissant dans des fonds communs de placement. En abondant de façon régulière, l’investisseur entre sur les marchés à plusieurs prix différents et obtient une moyenne d’entrée correcte. Il faut également s’astreindre à un investissement de long terme, en bannissant les allers-retours.
L'essentiel à retenir
- Influencés par des biais cognitifs qu’ils n’identifient pas toujours, les investisseurs ont parfois des attitudes irrationnelles.
- Couplés à des réflexes moutonniers, ces comportements produisent sur les marchés des mouvements qui vont à l’encontre des réalités économiques.
- Pour s’en prémunir et ne pas se laisser guider par ses émotions, il est préférable de s’en remettre à des professionnels.
Publié le : 06.11.2020
Mis à jour le : 01.12.2023