Pour relever le défi du changement climatique, le monde a besoin d’engagements concrets de la part du premier pollueur de la planète: la Chine. Cependant, malgré les promesses de réduction progressive des émissions de CO2, Pékin n’a fourni aucune date précise quant à la sortie du charbon lors de la COP26 à Glasgow. Bien au contraire.
Les résultats de la COP26
Dans le document final de la conférence sur le climat, la volonté d’accélérer l’élimination des combustibles fossiles émerge. Pour la première fois, il est fait explicitement référence à la réduction du charbon, qui représente à lui seul près de 40% des émissions mondiales de CO2. Et ce, même si l’Inde a réussi à obtenir un «allègement» du texte en insérant le concept de «réduction graduelle» au lieu de «suppression graduelle», sans donner de date précise.
En outre, toujours lors de la conférence de Glasgow, plus de 40 pays ont signé une déclaration concernant la transition du charbon vers les énergies propres intitulée «Global Coal to Clean Power Transition Statement», qui prévoit l’élimination progressive du charbon entre les années 2030, date butoir pour les pays les plus industrialisés, et 2040 pour les pays émergents.
Pour la première fois, les signataires se sont engagés à abandonner le charbon et à ne plus construire de nouvelles centrales à charbon, tant au niveau national qu’international. Mais parmi les signatures, il manque toutefois celles des plus grands consommateurs de charbon du monde, à savoir les États-Unis, la Chine, l’Inde et l’Australie.
Investissements chinois dans les énergies fossiles
En septembre 2021, le président chinois Xi Jinping a déclaré que Pékin ne financerait plus la construction de nouvelles centrales électriques au charbon dans les pays étrangers, sans toutefois préciser comment la Chine agirait au niveau national.
Selon le groupe de réflexion Centre for Research on Energy and Clean Air, au cours du premier semestre de l’année 2021 le gouvernement chinois a approuvé la construction de 18 hauts fourneaux pour la production d’acier et de 43 centrales électriques au charbon à l’intérieur de ses frontières.
Le président Xi Jinping assure que le pic d’émissions sera atteint avant 2030 et se donne 30 ans supplémentaires, soit jusqu'en 2060, pour atteindre la neutralité carbone.
Selon l’analyse de Carbon Tracker, Pékin reste à la tête du groupe asiatique (composé, outre la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie, du Japon et du Vietnam) des irréductibles des combustibles fossiles qui mettent en péril les objectifs de lutte contre le changement climatique fixés par l’Accord de Paris.
Le rapport indique que la Chine est à ce jour le premier investisseur mondial dans le secteur du charbon. Et dans les cartons de Pékin, il est prévu d’augmenter le nombre de centrales électriques au charbon, qui produisent aujourd’hui 1100 gigawatts, afin d’y ajouter 187 gigawatts supplémentaires dans les prochaines années.
Le paradoxe chinois
Or, le rapport de Carbon Tracker indique que les parcs solaires et éoliens chinois pourraient déjà générer de l’électricité 86% moins chère que celle produite par les centrales au charbon que compte déjà le pays et que, d’ici 2024, les énergies renouvelables seront en mesure de concurrencer toute l’énergie produite par le charbon.
C’est précisément là que se situe le paradoxe chinois. Pékin multiplie les investissements pour produire des énergies propres et alimenter les grandes métropoles très polluées. Et si la Chine est le plus grand producteur d’émissions au monde, elle est aussi le premier producteur d’énergie verte, avec 530 gigawatts de capacité installée et un objectif de 1200 gigawatts d’ici à 2030.
La Chine produit plus d’énergie solaire que tout autre pays et le nombre de nouveaux parcs éoliens construits en 2020 est trois fois supérieur à celui de tout autre pays. Mais étant donné le rôle que les centrales au charbon ont joué dans la croissance économique stupéfiante du dragon au cours des 40 dernières années, leur abandon total dans un avenir proche paraît relever de la gageure. À l’horizon 2050, 90% de sa production énergétique devrait provenir des énergies renouvelables et de l’énergie nucléaire, ont estimé des chercheurs de l’université Tsinghua à Pékin. Aujourd’hui, cette proportion n’est que de 15%.
Le pacte entre la Chine et les États-Unis
La conférence de Glasgow a toutefois produit une autre surprise: la déclaration conjointe sur le climat signée par la Chine et les États-Unis. Les deux concurrents planétaires, qui sont opposés sur tous les fronts, se sont engagés à créer un groupe de travail bilatéral qui se réunira à partir de la mi-2022 pour «renforcer l’action climatique» au cours de la décennie actuelle.
D’après ce document, la Chine commencera à réduire progressivement sa consommation de charbon à partir de 2026 et à diminuer les émissions de méthane, deuxième gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone.