L’épargne est-elle genrée ?

Choisir ses placements
Les femmes et les hommes ont une approche spécifique des investissements financiers.

Les femmes et les hommes n’ont globalement pas le même rapport à l’argent ni à l’épargne. Attachées à la sécurité et à la prévoyance, les femmes se montrent plus prudentes dans leur choix d’investissement.

Le rapport à l’argent est personnel. Toutefois, plusieurs études s’accordent à reconnaître une approche typiquement féminine.

Les femmes ont moins la capacité d’épargner que les hommes

Le rapport à l’argent et à l’épargne dépend en grande partie du niveau de revenus et de patrimoine de chacun. Or, les femmes perçoivent en moyenne des revenus moins élevés que les hommes. Quant au patrimoine, l’écart entre les hommes et les femmes est en augmentation. Selon l’enquête «Les Français, l’épargne et la retraite», il est passé de 9% en 2009, à 15% en 2015« Les Français, l’épargne et la retraite », Enquête de AG2R La Mondiale – Amphitéa – Cercle de L’épargne – Cecop – Ifop, 2023. En outre, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à appartenir aux catégories sociales en capacités financières d’épargner. Ces catégories sont :  cadres, indépendants et professions libérales. Cette circonstance aurait des effets sur l’épargne : 74% des hommes épargnent contre 66% des femmes. Et elles y consacrent une part plus faible de leurs revenus.

Les femmes font des choix d’investissement moins risqués que les hommes

Les femmes privilégient la prudence en matière d’investissement. Selon l’Autorité des Marchés Financiers, près d’une femme sur deux refuse toute prise de risque en matière de placements, contre 36% des hommesBaromètre AMF de l’épargne et de l’investissement, 2022. À 79%, elles jugent le placement en actions trop risqué, contre 70% des hommes. Pour cette raison, elles sont deux fois moins nombreuses que les hommes à investir en BourseBaromètre Ifop, Les femmes et l’argent, 2024.

L’une des raisons de l’aversion féminine au risque s’explique aussi par leur mauvaise estime de leur propre culture financière. Seulement 27% d’entre elles partagent le sentiment de s’y connaitre, contre 42% des hommesBaromètre AMF de l’épargne et de l’investissement, 2022. En réalité, le niveau de connaissance réel en matière financière des femmes et des hommes est assez proche, selon la Banque de France. Aux tests de «culture financière de base» les femmes obtiennent une note moyenne sur 4/10, contre 5,1/10 pour les hommesEnquête sur La culture financière des Français, Crédoc 2011. En outre, les femmes sont plus ouvertes au conseil de professionnels que les hommes : 54% d’entre elles jugent nécessaire de s’appuyer sur un professionnel, contre 45% des hommes. 

La prévoyance comme moteur y compris chez les femmes plus aisées

Ces mêmes tendances se retrouvent dans une population féminine plus aisée. Parmi les femmes vivant au sein d’un foyer dont le revenu annuel brut est supérieur à 45.000 euros et/ou détenant un niveau de patrimoine financier supérieur à 450.000 euros (immobilier inclus), la principale motivation consiste à se constituer une épargne de précaution en cas de difficulté financière (39%). Elle est suivie par le souci de mettre en place un complément de revenus pour la retraite (33%), le financement des projets personnels et l’avenir des enfantsFemmes et Investissement : l’avènement du « Matrimoine », UFF - Ifop, 2017. Enfin, pour faire fructifier leur capital, les femmes privilégient le placement immobilier. Quant à l’assurance-vie, elle est plébiscitée pour la disponibilité des gains. L’optimisation fiscale répond peu aux objectifs des femmes. En effet, un tiers d’entre elles préfèrent disposer de leurs gains n’importe quand, plutôt que de diversifier leurs placements pour limiter les prises de risque.

L'essentiel à retenir

  • Les femmes ont une aversion au risque plus marquée que les hommes.
  • Les femmes s’estiment moins compétente en matière financière et sont plus ouvertes à l’accompagnement de professionnels.
  • Les femmes sont attachées à la disponibilité des sommes investies.