L’achat de titres financiers implique un risque de perte en capital. Les investisseurs en ont conscience. Cependant, certains épargnants oublient une autre menace pesant parfois sur leur portefeuille : le risque de liquidité.
Tout placement financier comporte des risques. L’écueil principal pour un investisseur est de voir la valeur de ses actifs baisser. À moins de devoir les vendre en urgence et d’enregistrer une moins-value, leur conservation sur un horizon de long terme permet de lisser les aléas de marché. Toutefois, les épargnants envisagent rarement un deuxième risque : la perte de liquidité.
L’illiquidité, un risque touchant les placements financiers
Un actif est considéré comme illiquide lorsqu’il ne trouve aucun preneur, même à bas prix. Dans un marché liquide, les transactions se font de façon fluide, rapide. Les actifs à vendre rencontrent facilement de nouveaux investisseurs. Le marché se tend s’il y a trop d’acquéreurs et pas suffisamment de titres à vendre. Les prix ont alors tendance à monter.
À l’inverse, le prix du titre baisse quand la majorité des détenteurs de titres ou de biens sont vendeurs et que les investisseurs ne sont pas au rendez-vous. La plupart du temps, la baisse de prix attire de nouveaux preneurs et les titres se vendent. Il arrive que plus personne ne souhaite acquérir un titre pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines : il devient alors illiquide.
Un risque intimement lié à la taille de l’entreprise
L’absence de liquidité peut concerner un seul titre ou un seul type de bien. Mais elle peut aussi être liée à un environnement baissier de marché : les investisseurs soldent une partie de leurs positions et restent attentistes, quelle que soit la catégorie d’actifs. Ils considèrent que la chute n’est pas terminée, ou qu’ils ne maîtrisent pas suffisamment les conditions d’un retour opportun sur le marché.
Certains actifs sont plus concernés que d’autres par le risque de liquidité. Lorsque les titres sont cotés, le risque est plutôt faible : le marché est animé, le nombre de titres est grand. Pour des valeurs connues et jugées fiables, on trouve régulièrement des preneurs. Même si elle est confrontée à une crise de gouvernance, une multinationale peut revendiquer des actifs, une marque, une expertise en recherche et développement… Son cours subit les effets de cette crise interne, mais certains investisseurs veulent anticiper un probable rebond. Ils achètent des actions à moindre coût. En temps de récession et de forte baisse des marchés, nombreux sont ceux pariant sur des jours meilleurs. C’était le cas en 2020, quand des achats massifs de titres ont rythmé le premier confinement lié au Covid.
Plus la société, même cotée, est petite, plus le marché est étroit : le risque de liquidité augmente. Une petite société ne jouit ni de la notoriété ni de la confiance dont bénéficient les grands groupes.
Les actifs non cotés sont plus exposés au risque de liquidité
Le risque de liquidité est encore plus grand pour les sociétés non cotées. Il est difficile pour ces structures de trouver de nouveaux actionnaires. La possibilité de revente est réduite et la visibilité parfois faible. En outre, la revente doit souvent se faire avec l’agrément d’autres associés. Cela représente une contrainte supplémentaire.
Un actif a particulièrement souffert, par le passé, d’un manque de liquidité : les SCPI, ou sociétés civiles de placement immobilier. Suite à la débâcle du secteur immobilier en France, elles ont perdu 40% de leur valeur entre 1990 et 1997. Les investisseurs ont déserté le marché, même avec une forte décote des parts.
Pour ces actifs peu liquides, il existe une prime d’illiquidité, souvent exprimée en pourcentage. À cette prime d’illiquidité, s’ajoute une prime de risque : celui-ci augmente avec le temps.
Comment se prémunir du risque de liquidité dans un portefeuille ?
Dans sa cartographie des marchés financiers de juillet 2023, l’Autorité des marchés financiers (AMF) met en garde contre le risque de liquidité dans les mois à venir. Elle appelle à la vigilance concernant les fonds immobiliers. Ils investissent dans des actifs immobiliers (des placements à long terme) à partir de fonds placés à plus court terme par les épargnants. Cette asymétrie entre l’actif et le passif de ces fonds peut constituer une vulnérabilité en cas de ralentissement du marché immobilier. Quelles solutions existent pour éviter le risque de liquidité ?
Malheureusement, aucune recette miracle n’émerge. Lorsque le marché est gelé, la seule solution est de prendre son mal en patience… Pour autant, plusieurs règles de prudence empêchent ce risque de liquidité de rejaillir sur le quotidien de l’épargnant.
La première règle est de toujours conserver une épargne de précaution immédiatement disponible. La seconde est de diversifier au maximum ses investissements. Rien ne sert de tout investir sur les actions ou les obligations. À l’intérieur même de ces classes d’actifs, il est aussi conseillé de diversifier ses approches en investissant :
- Dans plusieurs zones géographiques,
- Dans plusieurs secteurs économiques pour les actions,
- Dans plusieurs maturités pour les obligations.
Il est hautement improbable de voir tous les marchés frappés d’une crise de liquidité au même moment. Enfin, l’actif pouvant souffrir le plus d’un manque de liquidité est souvent le plus lourd dans le patrimoine des ménages: l’immobilier.
L'essentiel à retenir
- Le risque de liquidité est encore plus dangereux que le risque de moins-value : l’investisseur ne trouve alors aucun preneur pour son titre, même à très bas prix.
- Ce risque pèse plus fortement sur les marchés très étroits ou, dans certains contextes, sur la pierre.
- Il est impossible de s’en prémunir. Mais plus les investissements sont diversifiés, plus la menace diminue pour l’épargnant.