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Les résultats des entreprises pour le deuxième trimestre sont difficiles à digérer. Pour autant, tout n’est pas négatif. Certains marchés s’en sortent mieux que d’autres, et il y a de solides raisons d’espérer un rebond. 

La série noire continue. Les marchés sont en forte baisse car les
résultats d’entreprises ne sont pas au rendez-vous. Faut-il craindre une
correction durable ?

Comment expliquer la baisse ?

Les analystes avaient mal anticipé le décrochage de la croissance qui affecte de nombreux secteurs d’activité. Prenons par exemple le fabricant d’électroménager Whirlpool. Lors de la publication des résultats de l’entreprise fin juillet, son directeur financier, Jim Peters, a reconnu que la demande est particulièrement faible de la part des consommateurs, en particulier de ceux qui cherchent à obtenir du matériel électroménager de meilleure qualité plutôt que de remplacer du matériel cassé. Même constat de la part des géants du transport aérien qui ont surestimé l’ampleur de la demande au second trimestre. Le secteur agro-alimentaire n’est pas épargné. Lamb Weston, qui est l’un des principaux fournisseurs de pommes de terre pour McDonald’s, a mis en garde contre une chute accélérée de la demande au cours des derniers mois, qui risque de s’amplifier dans la prochaine année fiscale. 

Sous le choc, les marchés répercutent fortement les mauvaises annonces. Lorsque les résultats sont en-dessous des attentes, les entreprises sont très lourdement sanctionnées. La baisse est, sans surprise, encore plus importante dans le compartiment des petites et moyennes entreprises (small et mid caps) où la liquidité se fait plus rare. Par exemple, le groupe Okwind, qui est spécialisé dans la transition énergétique et qui est coté à Paris, a annoncé une baisse de 16% de son chiffre d’affaires au premier semestre, ce qui s’est traduit par une baisse de l’action de 35% en une seule séance ! À l’inverse, lorsque les résultats sont supérieurs aux attentes, ils sont à peine salués. 

Nous sommes face à une surréaction du marché à la baisse qui risque de perdurer dans les jours et les semaines à venir. Dans beaucoup de cas, l’ampleur de la chute est aussi accentuée par les algorithmes de trading qui exercent une influence non négligeable en cette période de faibles volumes échangés. 

Faut-il s’inquiéter pour l’avenir ?

Non. À long terme, nous ne pensons pas que l’onde de choc baissière annonce des temps difficiles en bourse. Nous sommes face à un ajustement du marché qui doit prendre en compte la nouvelle donne macroéconomique. Le rebond va dépendre en grande partie de l’évolution des valeurs technologiques. L’impact de l’intelligence artificielle tarde à se matérialiser sur la productivité et sur les bénéfices des entreprises. C’était attendu. Mais il y a des pistes pour l’avenir intéressantes, comme la méthode d’édition génomique CRISPR/CAS9. Vous n’en avez certainement pas encore entendu parler. Elle permet de modifier l’ADN à des endroits choisis. C’est déjà utilisé mais ça n’a pas encore montré 1% de son potentiel. Allié à l’intelligence artificielle, c’est une vraie révolution pour l’agriculture et pour l’industrie pharmaceutique. À horizon moyen terme, cela va permettre la fermentation de précision, l’essor de la viande de synthèse et va permettre de rendre des terres à la nature. Le tout, en réduisant plus rapidement que prévu nos émissions de CO2. C’est un exemple, parmi tant d’autres, de sujets sur lesquels les grandes valeurs technologiques planchent en ce moment et qui pourrait révolutionner nos modes de vie.

Dans ces conditions, difficile d’être pessimiste pour les entreprises de la tech. En outre, elles devraient bénéficier à court terme de la baisse des taux qui va se matérialiser en septembre aux États-Unis. Ajoutons enfin que le marché avait certainement besoin de faire une pause et de renouer avec des niveaux de valorisation plus attractifs qui vont permettre un retour de la hausse à la rentrée. 

Regards tournés vers l’avenir 

En ces temps troublés, il y a un marché boursier qui ne s’en sort pas trop mal : le Japon. L’indice principal Nikkei 225 limite la casse et affiche une hausse depuis janvier de 12% qui est très nettement supérieure à celle du CAC 40 (-0,56% sur la même période). Et ce n’est que le début. 

Pour beaucoup d’analystes, la sortie de la déflation est la raison principale pour investir au Japon. Ce n’est pas notre avis. Malgré des hausses historiques de salaires négociées au printemps, la consommation reste atone. Peut-être n’est-ce qu’un décalage temporel et qu’elle va rebondir au troisième trimestre. Mais ce n’est pas certain. Selon nous, c’est l’écosystème d’entreprises japonais, et non pas la macroéconomie, qui est l’argument massue. L’archipel compte des géants mondiaux dans leur secteur d’activité. Certains sont bien connus du grand public. Il s’agit de Nintendo, Toyota et Sony – un des joyaux économiques du Japon dont le bénéfice d’exploitation est équivalent à celui de LVMH. D’autres sont moins connus, comme Keyence Corp (solutions industrielles de type capteurs, traçabilité et instruments de mesure) et Shin-Etsu Chemical Co (principal conglomérat dans la chimie). 

À l’inverse de la bourse américaine, les technologies de l’information sont peu représentées à la bourse de Tokyo. C’est une bonne chose. Cela permet aux investisseurs de réduire leur exposition à l’intelligence artificielle et au dollar américain en misant sur un marché qui, historiquement, offre une performance proche des marchés boursiers émergents en dollars, sans la volatilité et le risque élevé qui y sont généralement associés.

Enfin, pour ceux qui croient encore en un vaste plan de relance chinois – ce qui n’est pas notre cas – sachez que les entreprises japonaises, particulièrement celles de l’automobile et des puces électroniques, en seraient les principales bénéficiaires. La Chine est le premier partenaire commercial du Japon, représentant 20% du commerce total japonais. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis n’a rien changé à cet égard. Le Japon a clairement toute sa place dans les portefeuilles d’investissement des épargnants français. 

L'essentiel à retenir

  • Nous sommes face à une surréaction du marché à la baisse en bourse.
  • Les fondamentaux restent solides, en particulier sur le segment des valeurs technologiques.
  • Le Japon fait partie des marchés boursiers qui résiste le mieux en ce moment.