Faut-il se fier aux indices boursiers ?

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Les indices aident les investisseurs à se repérer, mais leur donnent-ils une vision juste des marchés ?

Les indices boursiers servent de référence aux investisseurs. Mais la prépondérance de très grandes sociétés et de certains secteurs dans leur composition donne une vision biaisée de la réalité des marchés. Plus que jamais, il faut les utiliser avec parcimonie.

Dow Jones, S&P 500, CAC 40, Nikkei, Nasdaq, MSCI, All Country World Index (ACWI)… Ces noms sont bien connus des investisseurs. Ces indices boursiers, composés d’un certain nombre de valeurs (30 pour le DAX allemand et plus de 2000 pour le Nasdaq composite), donnent une idée de la tendance des marchés.

Observer un indice large ne garantit pas d'avoir une vue fidèle de la santé des entreprises

Théoriquement, plus le nombre d’entreprises présentes dans un indice boursier est élevé, plus il reflète fidèlement la réalité. Pour cela, les investisseurs préfèrent prendre comme indice de référence le S&P 500 ou le MSCI ACWI plutôt que des indices plus locaux, comme le CAC 40. Dans ce dernier, le secteur du luxe occupe une place prédominante. À elles seules, les quatre valeurs Kering, Hermès, L’Oréal et LVMH (les KHOL) pèsent plus d’un quart de l’indice.

Pourtant, depuis plusieurs années, utiliser un indice plus large n’est plus nécessairement la garantie d’avoir une idée plus fidèle de la santé des entreprises. En effet, les capitalisations de certaines valeurs du secteur technologique ont atteint des montants leur conférant une importance très forte. Trop forte, selon beaucoup d’acteurs de la finance. En effet, 1% des sociétés du S&P 500, les fameux « sept magnifiques » (GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft – plus Nvidia et Tesla), pèse près de 30% dans l’indice. Elles affichent une insolente santé et ont largement tiré l’indice vers le haut. Si un recul de leurs valorisations devait intervenir, il aurait un fort impact sur l’indice.

Ces valeurs technologiques hypertrophiées, en bonne santé pour le moment, entraînent une vision faussée de la réalité de l’économie et des autres secteurs. Les valeurs industrielles n’ont pas toutes aussi bien résisté à la crise sanitaire. Le secteur bancaire a beaucoup souffert et continue d’être fragile. Les performances de ces secteurs, pourtant présents dans les indices, sont devenues difficiles à percevoir.

En juillet 2023, le Nasdaq 100 a dû même procéder à un rééquilibrage spécial, pour la troisième fois seulement de son histoire. En effet, les sept magnifiques pesaient de manière démesurée dans l’indice. Leur poids a ainsi été réduit de 56% à 44%. Beaucoup d’analystes affirment que ces sociétés ne sont pas survalorisées et que leur valeur en Bourse reflète des actifs réels et d’excellents résultats. Mais d’autres poids lourds sont jugés surcotés par certains analystes. Ainsi, Tesla a fait son entrée dans l’indice le 21 décembre 2021, après une hausse de 750% de sa valeur en un an. Si le cours de la société devait baisser fortement, cela aurait un impact très élevé sur l’indice S&P 500.

Les investissements calqués sur les indices boursiers peuvent être dangereux

Pour suivre les marchés financiers, il est important de trouver d’autres repères. Les indices sectoriels, comme l’Euro Stoxx Banks ou l’indice CAC Industrials (compilé par Euronext), peuvent donner des indications plus précises.

Certains investisseurs utilisent l’indice comme point de repère, mais aussi comme guide de leurs placements. Tous ceux qui investissent sur la gestion indicielle achètent, en réalité, des titres qui répliquent les indices au centime près. Ce choix leur offre un certain confort, car leurs portefeuilles sont ainsi faciles à suivre : ils surveillent un ou deux indices de référence seulement. Pourtant, en choisissant la gestion indicielle, les investisseurs achètent indistinctement la totalité des valeurs de l’indice. Ils prennent aussi les sociétés nettement surcotées, même si elles occupent une place prépondérante. En cas de forte chute de ces valeurs, l’indice peut dévisser et leurs investissements aussi. En s’en remettant à la gestion active, les investisseurs font confiance à des gérants expérimentés pour sélectionner les sociétés les plus prometteuses.

L'essentiel à retenir

  • Les indices boursiers reflètent l’évolution d’une multitude d’actions. Ils aident l’investisseur à se repérer et à comprendre les tendances du marché.
  • Toutefois le poids des valeurs technologiques y est aujourd’hui tellement fort qu’il ne reflète plus la réalité de l’économie : se fier aux grands indices offre donc une vision biaisée.
  • Si les très grandes capitalisations subissent des revers, les indices chuteront violemment. Un risque pour ceux qui utilisent la gestion indicielle pour leurs portefeuilles.