Le gouvernement encourage les municipalités à surélever des immeubles bas ou à transformer des maisons. Même si cette idée ne séduit pas forcément, elle est nécessaire pour endiguer la réduction des surfaces cultivables et l’artificialisation des sols.
Le réchauffement climatique est au cœur des préoccupations. Ainsi, les pouvoirs publics concentrent une partie de leur effort de relance vers la transition écologique. Toutefois, le climat n’est pas le seul sujet à prendre en compte si nous ne souhaitons pas épuiser les ressources de notre planète. Il faut aussi veiller à lutter contre l’artificialisation des sols.
Objectif : zéro artifilicialisation des sols en 2050
Selon le ministère de l’Écologie, entre 2010 et 2020, 24.000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) ont été consommés en moyenne chaque année en France. C’est près de 5 terrains de football par heure. Les aires urbaines couvrent 22% du pays, quand 81% de la population française vit en ville. Ainsi, parmi les volets verts du plan de relance post-Covid, le gouvernement a prévu une mesure spéciale pour lutter contre l’étalement urbain. Son objectif est d’encourager l’émergence de villes plus denses en subventionnant les municipalités qui autorisent, sur un terrain donné, l’édification d’un nombre de mètres carrés plus importants que d’habitude.
En outre, dans le cadre de la loi « Climat et résilience » adoptée en août 2021, la France s’est fixé l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » en 2050. Un objectif intermédiaire a été défini à l’horizon 2031 : réduire de moitié la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers. Tout ce qui est « pris » sur la nature doit lui être « rendu », souligne le Ministère de l’écologie.
Eviter la multiplication des maisons individuelles par la densification des villes
Cette lutte contre l’étalement urbain ne consiste pas, bien sûr, à faire pousser des tours à foison dans toutes les campagnes. Mais dans certains quartiers résidentiels et pavillonnaires, la surélévation d’un ou deux étages permet de construire quatre logements au lieu d’un. L’idée est surtout d’éviter la multiplication de nouvelles maisons individuelles, toujours plus éloignées des centres-villes : elles contribuent à l’artificialisation des sols. Ce mitage fait baisser les surfaces cultivables et entraîne également un recul de la biodiversité. L’artificialisation des sols aggrave la probabilité de risques naturels : inondations, incendies de forêts, effondrements de terrains… Elle produit aussi un effet négatif sur la fertilité des terrains environnants. En outre, un sol artificialisé ne capte plus de dioxyde de carbone. En outre, s’il est de couleur sombre, il absorbe les rayonnements solaires, ce qui contribue au réchauffement climatique.
Des besoins en infrastructures et en logistique plus importants
Les municipalités rechignent parfois à voir le paysage changer sensiblement. Les maires sont nombreux à redouter les foudres de leurs électeurs. Dans l’imaginaire, la densification va à l’encontre d’une certaine notion du confort. En outre, la pandémie de Covid a renforcé les envies d’espace : la densification, même si elle est nécessaire, va à contre-courant de la vie au grand air dont rêvent les citadins. C’est la raison pour laquelle une enveloppe de 350 millions d’euros d’aides financières a été créée. Son objectif est de favoriser la construction de 50.000 logements, tout en promouvant la sobriété foncière. Dans la même optique, 650 millions d’euros sont consacrés à l’aménagement des friches industrielles. En effet, mieux vaut reconvertir ces terrains déjà artificialisés que de sacrifier de nouveaux sols naturels.
Tout ce mouvement de fonds fait entrevoir de belles perspectives pour le secteur du bâtiment : la surélévation requiert davantage d’ingénierie que la construction sur un terrain vierge. Il faut également réfléchir à modifier les infrastructures car une population plus dense a besoin de réseaux d’eau mieux alimentés et de transports plus importants. Elle consomme davantage d’électricité et ses besoins en communication sont plus forts. Il faut aussi penser à l’approvisionnement en nourriture, voire à faire pousser des fermes verticales dans ces villes à la population grandissante. Tous ces besoins nouveaux font appel à une grande technicité. De nombreuses sociétés cotées ont les capacités d’agir. Ainsi, pour un investisseur, il est possible de miser sur des valeurs qui accompagnent le mouvement vertueux mis en place pour l’environnement.
L'essentiel à retenir
- Le gouvernement français promeut la densification des villes via des aides financières.
- Ce mouvement vise à limiter l’artificialisation des sols, qui a des effets désastreux sur l’environnement. L’État s’est fixé pour objectif « zéro artificialisation nette » d’ici 2050.
- Cela implique de grands travaux et l’adaptation des réseaux et de la logistique pour s’adapter à une population plus importante.