Les dépôts des épargnants coûtent cher aux banques ; certains établissements haut de gamme choisissent de facturer ce service. Les clients des banques de détail s’inquiètent et redoutent de voir à leur tour leurs dépôts taxés.
Les épargnants français laissent une bonne part de leur épargne financière sur leurs comptes de dépôt, soit environ 550 milliards d’euros d’après les chiffres de la Banque de France.
Pour les banques de détail, les dépôts représentent des coûts
En France, les dépôts ne sont pas rémunérés et les banques y trouvent leur compte. Au-delà de certains montants, elles sont obligées de sécuriser l’argent de leurs clients en le déposant à la Banque Centrale Européenne (BCE). Ce dépôt peut leur rapporter de l’argent. C’est le cas actuellement. En 2023, le taux de dépôt est fixé au taux inédit de 4%. Les banques gagnent donc de l’argent en déposant leurs économies auprès de la BCE.
Ce fonctionnement est commode dans un univers de taux positifs. En revanche, dans un univers de taux bas (voire négatif) le calcul diffère. En 2019, le taux octroyé aux banques par la Banque centrale européenne était négatif, de l’ordre de -0,5%. Les établissements bancaires se voyaient taxés en mettant à l’abri les réserves de leurs clients. Dans ces conditions, elles ont pu envisager de faire payer les dépôts de leurs clients. Pour autant, il est difficile pour les banques de détail passer à l’acte. En effet, les clients risquent de ne pas apprécier ce mouvement. Multi-bancarisés, les Français font de plus en plus d’infidélités aux banques traditionnelles. La taxation des dépôts, risquerait de les inciter à faire jouer la concurrence et à changer d’enseigne. Les établissements peuvent avoir plus à perdre qu’à gagner.
Trop d’argent sur les comptes de dépôts
Les épargnants sont en position de force car ils déterminent l’orientation de leur épargne. Ils continuent massivement à laisser dormir leurs économies sur les comptes de dépôts. Cette stratégie comporte des failles. Les comptes d’épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP) sont davantage adaptés. Ils sont insuffisamment rémunérés pour compenser l’inflation mais ils permettent a minima de perdre moins d’argent. Ces comptes doivent être réservés à l’épargne de précaution. Il est contre-productif d’y loger plus de trois à six mois de salaire. Au-delà d’un certain seuil d’épargne financière, sauf en cas de projet immobilier à très court terme, il faut placer ses économies autrement. Pour le long terme, si les Français veulent avoir une rémunération élevée, ils doivent consentir à prendre davantage de risques.
Le saviez-vous ? La taxation des dépôts des particuliers est pratiquée par les banques de détail dans certains pays voisins de la France comme la Suisse ou l’Allemagne.
L'essentiel à retenir
- Certaines banques privées taxent les dépôts de leurs clients au-delà d’un certain seuil.
- Dans un univers de taux négatif, les dépôts des clients ne rapportent pas d’argent aux banques, ils constituent un poste de coûts. Mais il est peu probable de voir les banques de détail facturer des frais au grand public.
- Les épargnants, eux, n’ont pas intérêt à laisser dormir leurs économies sur ces comptes !
Publié le : 05.06.2020
Mis à jour le : 20.09.2023