Les marchés obligataires sont sensibles aux cycles de hausse des taux directeurs, initiés par les banques centrales. Ils ont bénéficié des récentes hausses de taux. En Europe, l’inflation commence à ralentir. Pourtant, les taux continuent à monter. Quelle en est la raison ?
Quels sont les liens entre taux et inflation ?
Pour se prémunir contre la corrosion de leur épargne, les investisseurs recherchent un taux de rendement plus élevé que l’inflation. Ils peuvent se tourner vers le marché obligataire. En effet, les pays et les entreprises sont généralement disposés à octroyer des coupons au-dessus de l’inflation. Le rendement attendu d’une obligation est donc le plus souvent supérieur à l’inflation.
En outre, taux et inflation évoluent souvent de concert : une hausse de l’inflation est souvent synonyme d’une remontée des taux. Les entreprises peuvent inclure l’inflation dans les prévisions de rentabilité de leurs investissements. De plus, elles savent que leurs coupons sont attrayants en cette période. En parallèle, la vague d’inflation peut être contenue en partie par la remontée des taux directeurs. Ainsi, les banques centrales assagissent l’inflation. En principe, la corrélation entre les taux et l’inflation permet aux emprunteurs et aux prêteurs de saisir des opportunités.
Les banques centrales ont renoncé à leur politique accomodante
Une vague d’’inflation a commencé à déferler à l’été 2021. Cependant, les politiques des banques centrales sont restées accommodantes pendant plusieurs mois. Selon elles, les croissances des pays développés restaient incertaines et l’épisode inflationniste éphémère. Peu importe l’avis des prêteurs mécontents : les banques centrales ont maintenu des taux inférieurs à l’inflation. Les rendements des obligations sont restés faibles, indépendamment du retour de l’inflation.
En 2022, lorsque les banques centrales ont estimé que l’inflation s’installait pour de bon, elles ont renoncé à cette politique monétaire accommodante. Elles ont commencé à augmenter leurs taux d’intérêt. Or, la hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse des dépenses de consommation. Leur but était de limiter l’inflation autour de 2%.
Inflation en baisse et taux en hausse : la nouvelle donne
Les obligations sont corrélées négativement aux taux d’intérêt. Ainsi, lorsque les taux augmentent les prix des obligations baissent. Leurs rendements augmentent. L’année 2023 s’est donc révélée globalement favorable aux marchés obligataires. Cependant, à l’automne 2023, les investisseurs font face à une situation inédite. On observe une nette décélération de l’inflation en Europe. L’inflation est tombée à 4,3% sur un an, selon l’Insee. Toutefois, les taux longs continuent à se tendre. En septembre 2023, la BCE a relevé ses taux directeurs pour la dixième fois d’affilée en quatorze mois. Elle atteint son plus haut niveau depuis 1999. Baisse de l’inflation et hausse des taux constituent un cocktail inédit. Les investisseurs sur les marchés obligataires doivent y être attentifs.
À savoir : Les banques centrales souhaitent impérativement contrôler l’inflation. Elles craignent de stopper trop tôt leur politique de resserrement monétaire. C’est pourquoi elles maintiennent leur politique de hausse des taux alors que l’inflation reflue.
L'essentiel à retenir
L’observation de l’inflation et de la politique des banques centrales restent les piliers de toute analyse obligataire. Mais les anticipations des investisseurs comptent également. Quelle politique la banque centrale va-t-elle mettre en place ? Va-t-elle modifier sa politique actuelle ? La potentielle nouvelle politique sera-t-elle assez forte pour contenir l’inflation ? Qu’en pensent les autres investisseurs ? Ces questions sont essentielles.