Lorsque l’inflation est forte et qu’elle n’est pas contrôlée par les banques centrales, elle peut mettre les entreprises en difficultés. Le défi des sociétés cotées en Bourse est de répercuter les hausses de coûts dans leurs tarifs. Ainsi, elles maintiennent les profits et offrir une prime de risque correcte aux investisseurs.
L’inflation a commencé à s’installer dans le paysage français à l’été 2021. Après avoir décéléré à l’été 2023, elle est remontée en septembre 2023 à 4,9% sur un an d’après les chiffres de l’Insee. Elle devrait s’établir à 4,2% en décembre 2023, amorçant une lente décrue.
Quand les taux obligataires augmentent, les investisseurs peuvent délaisser les actions
L’inflation a un impact sur les marchés Boursiers. En premier lieu, lorsque les banques centrales resserrent les conditions de crédit, les taux d’intérêt augmentent. Cela a des effets sur le marché obligataire. Les obligations nouvelles sont émises à des taux supérieurs à ceux des obligations anciennes. Les obligations anciennes voient leur valeur faciale baisser car leur rendement est moindre. Les investisseurs leur préfèrent les obligations nouvellement émises. Si le mouvement de hausse des taux est trop violent, on peut assister à un krach obligataire : la valeur des obligations existantes chute brutalement. Ainsi, il est important pour les banques centrales de relever les taux directeurs de façon très progressive. Cela évite les secousses de marché.
La montée des rendements obligataires a plusieurs impacts. D’une part, les emprunteurs (les États ou les entreprises émettant les obligations) voient le coût de leur crédit augmenter. Pour les investisseurs, le rendement des obligations augmente. Pourtant, elles sont souvent moins risquées que les actions. Or, si le rendement des actions reste identique, on dit alors que la prime de risque diminue : l’écart de rémunération entre un actif risqué et un actif moins risqué baisse.
Dans ce type de situations, certains actionnaires vendent des titres pour investir davantage dans les obligations. Si le mouvement est massif, le prix des actions peut subir des corrections. Rapidement, les entreprises cotées doivent s’adapter et mieux rémunérer le risque avec des dividendes plus élevés.
L’inflation renchérit les coûts pour les entreprises, qui doivent répercuter ces hausses dans leurs prix de vente
Pour une entreprise, augmenter les dividendes est possible et facile si les profits sont au rendez-vous. Toutefois, cela peut être compliqué quand l’inflation s’installe. En effet, dans un même temps, les entreprises doivent faire face à l’inflation :
- Du coût des matières premières,
- De leur main d’œuvre (les salaires peuvent augmenter fortement),
- De leur dette.
Si elles ne parviennent pas à répercuter toutes ces hausses dans leurs prix de vente, leurs profits baissent. Cela les freine dans l’augmentation de leurs dividendes. L’effet est négatif sur leur valorisation Boursière.
Cependant, la situation peut aussi bien se passer. Si l’inflation est maîtrisée, si les coûts des matières premières, des salaires et du crédit augmentent progressivement, les entreprises ont le temps d’adapter leur politique tarifaire. Elles maintiennent leurs marges et servent un meilleur dividende à leurs actionnaires. Le risque est mieux rémunéré. Leur valeur sur les marchés doit donc continuer à s’apprécier régulièrement.
Dans cet environnement, les entreprises ayant peu recours à l’emprunt s’en sortent mieux que les sociétés endettées. Si tout augmente, elles peuvent facilement faire accepter des hausses de prix, et donc de chiffre d’affaires. Toutefois, dans leurs coûts, elles subissent moins fortement le renchérissement du crédit que les autres. Elles génèrent ainsi de meilleures marges et voient leur valeur augmenter plus vite sur le marché.
À savoir : Les marchés sont vigilants sur le risque de stagflation. Il s’agit d’une situation où la croissance est faible et où l’inflation se maintient à un niveau élevé
L'essentiel à retenir
- L’inflation fait monter les taux obligataires et peut mettre les sociétés cotées en difficultés si elle est trop rapide.
- Les entreprises voient parfois leurs coûts augmenter sans être capables de répercuter tout de suite ces hausses dans leurs tarifs. Cela fait baisser leurs marges.
- Si l’inflation est maîtrisée, les marges sont maintenues plus facilement et les actifs boursiers progressent.
Publié le : 08.07.2021
Mis à jour le : 20.10.2023