La baisse de la rémunération du livret A redistribue les cartes de l’épargne réglementée. Délaissé depuis plusieurs années, le plan d’épargne logement retrouve un peu d’intérêt. Mais avant de souscrire, il faut se poser les bonnes questions, car il n’est pas adapté à tous.
Le plan d’épargne logement, conçu pour inciter les Français à se constituer un apport immobilier en leur promettant un taux d’emprunt avantageux sur une partie de leur crédit, ne présentait plus aucune utilité étant donné la faiblesse des taux hypothécaires actuels.
Le plan d’épargne logement (PEL) est considéré comme un placement en deux temps : une phase d’épargne, comprise entre quatre et dix ans, et une phase d’emprunt, facultative. Le taux d’emprunt est figé à la souscription du plan, et le montant emprunté à ce taux-là dépend des intérêts générés par le plan pendant la phase d’épargne.
Mais ces dernières années, le PEL servait des intérêts inférieurs à ceux des fonds en euros des contrats d’assurance vie. Quant au taux d’emprunt qu’il proposait au terme (2,20% depuis le 1er août 2016), il était quasiment deux fois supérieur aux conditions de crédit classiques. En outre, depuis 2018, en plus des prélèvements sociaux de 17,2%, il supporte l’impôt sur le revenu au taux forfaitaire unique de 12,8%. Sa rémunération nette se monte donc à 0,70%. Jusqu’au premier février, ce taux était inférieur à celui procuré par le livret A, qui, lui, offrait 0,75% d’intérêts. Bref, une rémunération trop faible, un taux de crédit trop élevé, et une fiscalité ordinaire, autant dire qu’il avait peu d’atouts. En 2018, selon la Banque de France, il n’a collecté que 500 millions d’euros, contre 11 milliards d’euros en 2017 et 19 milliards en 2016.
Avant de souscrire, il faut réfléchir à ses objectifs
Mais depuis que la rémunération du livret A et du LDDS est tombée à 0,50%, le PEL regagne un peu d’intérêt aux yeux des épargnants. Mais avant de se précipiter dans sa banque pour en ouvrir un, il faut penser à ses objectifs.
- Si l’objectif est de rémunérer une épargne de long terme en protégeant le capital de l’inflation, le PEL n’est pas le bon produit. Même mieux rémunéré que livret A, il ne rapporte que 0,7% nets, alors que l’inflation enregistrée en 2019 s’élève à 1,1%. En outre, le PEL implique de « bloquer » son épargne pendant quatre ans pour obtenir cette rémunération, et impose un minimum de versements : 225 euros à l’ouverture, et 45 euros par mois, au moins.
- Si l’objectif est, à nettement plus long terme, de profiter d’un taux de crédit immobilier qui reste figé à 2,2%, le PEL peut avoir de l’intérêt. Nul ne peut prédire aujourd’hui quels seront les taux d’emprunt immobilier dans cinq, dix ou quinze ans, et ces 2,2% constitueront peut-être une formidable aubaine. D’autant qu’il est possible de céder les fameux « droits à prêt » accumulés à un membre de sa famille, à condition qu’il soit lui-même titulaire d’un PEL depuis trois ans ou plus. Le montant du prêt, qui dépend des sommes amassées pendant la phase d’épargne et des intérêts générés, ne peut pas dépasser 92000 euros. Sa durée s’échelonne entre 2 et 15 ans. Plus la durée est courte, plus le montant qui peut être emprunté est important.
- Si l’objectif est de se contraindre à épargner tous les mois de façon automatique, sans attaquer son pécule à la moindre tentation, le PEL est adapté. Il ne s’agit pas, dans ce cas, d’avoir une épargne correctement rémunérée, mais une épargne tout court, et les tempéraments « paniers percés » peuvent trouver leur compte avec ce genre de placements, qui les contraignent un peu… c’est donc sur le PEL qu’ils placent leur épargne de précaution, car ils savent qu’il sera plus long de récupérer leurs économies, et qu’ils perdront une partie de leurs intérêts. (si la clôture intervient avant les deux ans du PEL, les intérêts chutent à 0,5% bruts).
Pour plusieurs millions de Français, pourtant, le PEL reste un placement très avantageux. Voilà pourquoi les encours sont encore importants : 276,4 milliards d’euros. Les PEL ouverts avant le 31 janvier 2015 rapportent encore 2,5% d’intérêts bruts ; les générations suivantes, 2% ou 1,5%. Ceux qui possèdent des PEL des anciennes générations les conservent donc jalousement... et peuvent continuer à les alimenter généreusement (les versements peuvent aller jusqu’à 61200 euros). Non seulement ils sont mieux rémunérés, mais en plus, ils ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. Leurs intérêts ne supportent que 17,2% de prélèvements sociaux. Leurs souscripteurs peuvent les alimenter jusqu’à leur dixième anniversaire. Entre dix et quinze ans, le PEL continue à produire des intérêts. Entre le douzième et le quinzième anniversaire du PEL, les intérêts sont soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30%.
Points à retenir
- Le plan d’épargne logement regagne un peu d’intérêt, car aujourd’hui, même après impôts et prélèvements sociaux, il est mieux rémunéré que le livret A.
- Mais attention, il ne protège pas contre l’inflation.
- Seuls les PEL des anciennes générations sont encore rémunérés correctement.