Le recul du trait de côte menace d’inondation de nombreux biens situés sur le littoral. Les effets du réchauffement climatique sont aussi une menace pour l’équilibre économique des stations de ski. Pourtant, ces marchés immobiliers performent.
La démolition de l’immeuble le Signal, à Soulac-sur-Mer en Gironde, a commencé en février 2022. Il est devenu l’emblème des effets du réchauffement climatique et du recul de la côte atlantique sur les biens immobiliers.
L’érosion littorale est un facteur de risque pour les biens situés en bord de mer
De nombreux biens situés sur le littoral sont menacés d’inondation en raison du recul du trait de côte. Ce phénomène naturel est accentué par le changement climatique et les activités humaines. Un cinquième des côtes françaises est soumis à l’érosion. Selon le gouvernement, d’ici à 2100, au moins 50.000 logements seront concernéshttps://www.vie-publique.fr/loi/284738-ordonnance-6-avril-2022-littoraux-exposes-au-recul-du-trait-de-cote, page consultée le 21 février 2023.. En février 2022, la startup française Callendar, spécialisée dans l'évaluation des risques climatiques, a analysé 16 millions de transactions immobilières conclues entre mi-2016 et mi-2021. La position et l'altitude des biens vendus ont été étudiées en fonction des différents scénarios possibles d'élévation du niveau de la mer. Environ 15.000 biens seraient inondables avant le milieu du siècle, en raison de leur proximité avec l’embouchure de la Seine, la façade atlantique ou la côte méditerranéenne.
Depuis le 1er janvier 2023, les annonces immobilières doivent préciser si le logement se situe sur une zone soumise au recul du trait de côte. Elles doivent mentionner le site www.georisques.gouv.fr, où acheteurs et locataires peuvent se renseigner sur les risques auxquels le bien est exposé.
Le défaut d’enneigement pourrait menacer le marché immobilier de montagne
L’immobilier de montagne est rendu précaire par défaut d’enneigement. Dans les Alpeshttps://www.lefigaro.fr/sciences/les-alpes-ont-perdu-pres-d-un-mois-d-enneigement-depuis-un-demi-siecle-20210318, page consultée le 21 février 2023., la durée d’enneigement annuelle a diminué d’un mois depuis les années 70, pour les stations à moins de 2000 mètres d’altitude. Le réchauffement climatique est pointé du doigt. Selon le rapport annuel 2022 de la Cour des comptes, entre 1880 et 2012, les températures moyennes dans les Alpes ont augmenté de 2 degréshttps://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf, page consultée le 21 février 2023.. Ce phénomène affecte l’enneigement des massifs. Il constitue une menace directe pour l’équilibre économique des stations de ski de basse et moyenne altitude. Celles-ci deviennent moins attractives. En conséquence, la disparition de l’or blanc constitue un facteur potentiel de moins-value pour les propriétaires de logements situés dans ces zones.
La qualité des constructions vendues constitue le second facteur de moins-value. En effet, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la performance énergétique des logements revêt une importance croissante. Depuis 2023, un calendrier progressif d’interdiction à la location pour les biens les plus énergivores est en place. En montagne, près d’un bien sur deux affiche une étiquette F ou G. Il s’agit des notes les plus basses attribuées dans le cadre d’un Diagnostic de Performance Énergétique (DPE).
À savoir : Dans certaines stations comme Isola 2000, dans les Alpes du Sud, on dénombre jusqu’à 90% de logements notés F ou G, selon une étude Heero de novembre 2022.
Le marché immobilier n’intègre pas encore ces risques climatiques
En dépit des risques induits par le changement climatique, l’immobilier de montagne et de littoral se porte bien. La tendance est à la hausse des prix. Celle-ci est initiée depuis 2020 et s’avère durable. Les prix ont augmenté de 28,5% dans les Alpes du Sud et de 27,9% dans les Alpes du Nord en trois ans, selon le comparateur immobilier MeilleursAgents.
Sur le littoral, la demande est également forte. Les prix sont en augmentation constante. Selon la FNAIM, entre mai 2020 et avril 2022, les prix de l’immobilier dans les stations balnéaires ont grimpé de 24,2%. Certaines régions se distinguent, comme la Normandie, dont les prix ont bondi de 30,6% à la même période.
L'essentiel à retenir
- De nombreux biens sont menacés d’inondation en raison de l’érosion côtière.
- En montagne, la raréfaction de la neige met en péril les stations de basse et moyenne altitude.
- Les marchés immobiliers de la montagne et du littoral performent.