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Pourquoi les investisseurs européens ne peuvent plus se permettre d’ignorer le capital-investissement

Gestion alternative
En se concentrant uniquement sur les actions cotées, les investisseurs en actions européennes se privent de certaines opportunités, en particulier dans le secteur des moyennes capitalisations.

Ralentissement de la croissance économique, recul des bénéfices des entreprises, inflation élevée. Les investisseurs en actions ont de nombreuses raisons d'être inquiets. Pourtant, il y aura toujours des opportunités d'investissement, même lorsque les conditions économiques sont difficiles. Nous pensons que l’on peut en trouver certaines du côté des entreprises privées européennes de petite et moyenne capitalisation.

Il s’agit d’entreprises qui ont déjà prouvé leur potentiel et qui cherchent maintenant à passer à l’étape suivante: se professionnaliser et grandir. Les investisseurs en capital-investissement peuvent contribuer aux progrès de ces entreprises dans cette voie en y injectant de nouveaux capitaux et, ce qui est tout aussi important, en leur apportant un savoir-faire stratégique et opérationnel. 

L'opportunité d'investissement est importante. L'Europe compte environ 63 000 entreprises dont le chiffre d'affaires est compris entre 30 et 300 millions d'eurosCapital IQ, 2022. Cette catégorie est, en outre, largement inexploitée. À ce jour, chaque année, environ 1,5% seulement de ces entreprises en Europe reçoit du capital-investissementInvest Europe / EDC. Le potentiel de croissance semble encore plus important en prenant les États-Unis comme référence. Ajustés en fonction du PIB, les marchés du capital-investissement destiné aux petites et moyennes capitalisations sont quatre fois plus grands aux États-Unis qu’en Europehttps://copenhageneconomics.com/wp-content/uploads/2021/12/copenhagen-economics_study-on-equity-investments-in-europe-mind-the-gap.pdf

Les entreprises européennes ont déjà commencé à s’ouvrir davantage au capital-investissement avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’entrepreneurs (rien qu’en France, l’investissement dans des actifs non cotés a triplé ces trois dernières années)https://www.institutmontaigne.org/en/expressions/unlisted-investment-europes-untapped-potential. De plus, avec l’augmentation des coûts d’emprunt et la complexification et la hausse du ticket d’entrée sur les marchés financiers, les entreprises privées ont davantage d’incitations à s’associer à des gérants de capital-investissement.

Pour autant, l’expansion du marché européen du capital-investissement n’est pas le seul facteur d’attraction pour des investisseurs cherchant à utiliser au mieux leur capital. 

L’expérience nous a appris que cette phase spécifique du cycle économique est particulièrement favorable aux investissements en capital-investissement.

Historiquement, les millésimes des fonds de capital-investissement collectés pendant ou juste après des ralentissements économiques ont généralement été les plus performants (voir Fig. 1). Parmi eux, les stratégies axées sur les entreprises de moyenne capitalisation se sont particulièrement bien comportéesMcKinsey, «Global Private Markets Review», 2022..

Fig. 1 – Meilleurs élèves

Performance du capital-investissement mondial, TRI brut, en %

Source: McKinsey, «Global Private Markets Review», 2022. 

Pendant ces périodes, l’allocation de capitaux dans des entreprises de taille moyenne peut s’avérer rentable. C'est là que les fonds de capital-investissement direct peuvent bénéficier d'un avantage, notamment parce que des conditions macroéconomiques difficiles peuvent faire apparaître un point d’entrée attrayant pour un investissement. Mais c'est aussi parce que c'est au cours de ces périodes qu'une gestion audacieuse et astucieuse des entreprises peut réellement faire ses preuves - une expertise que les gérants de fonds de capital-investissement peuvent apporter.

Adopter les mégatendances

Selon nous, de nombreuses petites et moyennes entreprises privées européennes opèrent de manière sous-optimale. Souvent, elles ne parviennent pas à optimiser l'efficacité de leurs opérations et ne disposent pas toujours d'une présence mondiale, d'une orientation stratégique et de ressources de gestion suffisantes. C'est particulièrement le cas lorsqu'il s'agit de relever certains des défis commerciaux les plus pressants de notre époque, tels que la numérisation de l'économie ou la transition énergétique.

Bien évidemment, les entreprises cotées en bourse doivent elles aussi résoudre ces problèmes. Toutefois, sur les marchés privés, les investisseurs ont la possibilité de participer directement à l'élaboration des mesures de transformation nécessaires.

L'expansion du monde numérique, par exemple, aura une incidence majeure sur le mode de fonctionnement des entreprises, la manière dont elles exploitent les données, la façon dont elles segmentent les clients et gèrent les commandes - tout au long de la chaîne de valeur. Cela peut poser des difficultés aux entreprises de taille moyenne, dont les ressources sont souvent axées sur la gestion quotidienne des activités, ce qui ne laisse qu’une quantité d’énergie et de savoir-faire limitée pour l’investissement dans de nouvelles initiatives numériques.

À la fin de l’année 2019, seules trois entreprises européennes sur dix avaient réussi à numériser une part significative de leur modèle économiqueIDC, 2019 . Même si la pandémie de Covid a permis un certain rattrapage, il reste beaucoup à faire. Les retardataires du numérique doivent accélérer leurs investissements dans la technologie. Ils peuvent pour cela créer des applications mobiles, entrer dans le métavers ou se tourner vers l’automatisation.

La transition vers les énergies propres est peut-être encore plus urgente. L’atténuation du changement climatique est déjà une priorité pour les gouvernements et les régulateurs. Et de plus en plus, il en est de même pour les consommateurs. Près de la moitié des plus grandes entreprises mondiales ont pris des engagements destinés à atteindre la neutralité carbone, l’Europe s’ en tête (l’Allemagne et le Royaume-Uni en particulier). Les entreprises de petite et moyenne capitalisation ont un problème particulièrement épineux à résoudre: les autorités de réglementation et les investisseurs étudient de beaucoup plus près l’empreinte carbone des entreprises. L'adoption progressive des émissions du type «scope 3», qui vise à mesurer l'empreinte carbone de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement d'une entreprise, fera peser une charge particulièrement lourde sur les petites et moyennes entreprises européennes, car ce sont elles qui fournissent les matériaux et distribuent les produits des plus grandes entreprises de la région. 

Cela dit, la transition vers les énergies propres ouvrira également des possibilités d’expansion aux entreprises. 

L'économie durable aura besoin d'entreprises de logiciels pour gérer les réseaux intelligents, par exemple, et d'entreprises d'infrastructures pour le raccordement des câbles transportant l'électricité des parcs éoliens vers les villes. Dans l’ensemble, la décarbonation du système énergétique européen représente des opportunités d’investissement d’un montant total de 5 300 milliards de dollars, selon BloombergNEFhttps://about.bnef.com/blog/europes-path-to-clean-energy-a-5-3-trillion-investment-opportunity/.

Partenariat actif

À mesure que l'éventail des possibilités d'investissement privé en Europe s'élargit, il serait tentant d'allouer des capitaux à un grand nombre d'industries. Cependant, comme les conditions économiques risquent d'être volatiles pendant un certain temps, nous estimons qu'il serait plus judicieux de concentrer les investissements dans des secteurs qui peuvent résister aux aléas du cycle économique.

Il s'agit de secteurs qui offrent ce que nous appellerions une protection à la baisse : des secteurs dans lesquels les dépenses se poursuivent même en cas de ralentissement de l’économie; dans lesquels les marges bénéficiaires sont attrayantes et résistantes et dans lesquels la visibilité des flux de trésorerie futurs des entreprises est bien visible. L'éducation et la formation constituent l'un de ces secteurs anticycliques, car les gens ont tendance à dépenser davantage pour l'éducation lorsque les marchés du travail sont plus tendus.

D’une manière générale, nous estimons que la meilleure façon de gérer le risque et de maximiser les performances passe par une collaboration active avec les fondateurs, les familles et les équipes de direction des entreprises dans lesquelles nous investissons. En prenant une participation majoritaire dans ces petites et moyennes entreprises et en devenant un partenaire de confiance, nous pouvons contribuer à transformer des entreprises de qualité en entreprises exceptionnelles.  

Pour y parvenir, il est également important d'aider les entreprises dans lesquelles nous investissons à améliorer leur performance dans le domaine de l'environnement, du social et de la gouvernance (ESG). Pour nous, cela signifie se concentrer sur la performance écologique et améliorer la façon dont une entreprise gère son personnel, en tenant compte, entre autres, de la diversité de ses dirigeants et de la mobilisation de ses employés.

En plus de créer de la valeur, l'approche active offre également une protection contre les baisses : en étant plus impliqués, nous sommes plus susceptibles de voir les problèmes et d'avoir la possibilité de les résoudre rapidement.